Le poumon de la Terre face au réchauffement climatique

La forêt guyanaise est la plus grande forêt française puisque sa superficie représente près d’1/7 de la France. Comment la Guyane est-elle aujourd’hui confrontée au réchauffement climatique ? 

La Guyane est un département français sur le continent sud-américain. Ses frontières sont délimitées à l’ouest par le fleuve Maroni, à l’est par l’Oyapock, et au sud par les monts Tumuc-Humac.  La Guyane française est ainsi recouverte à 97% de son territoire par la forêt amazonienne, une forêt tropicale primaire, c’est-à-dire non exploitée par l’Homme. Elle est un véritable patrimoine naturel avec 8 000 000  d’hectares de de forêt vierge sous un climat équatorial humide

 
La forêt guyanaise gérée par l’ONF

 

 

L’impact du réchauffement climatique sur la forêt guyanaise

Cette forêt est importante car elle nous permet de vivre et de respirer correctement. Elle est d’ailleurs souvent qualifiée de « poumon de la Terre », car elle est l’une des principales sources d’oxygène de la planète : annuellement, un hectare de forêt tropicale assimile de 5 à 10 tonnes de carbone et libère 10 à 20 tonnes d’oxygène. Mais ces forêts tropicales humides sont aussi un véritable coffre-fort de la biodiversité puisqu’elles renferment à elles seules environ 50% des espèces vivantes (source ONF). Outre leur rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique (elles  fixent le CO²), elles permettent aussi la mise en valeur de leurs ressources : nourriture, combustible, bois industriel, fibres, substances pour la fabrication de médicaments…

Pourtant le réchauffement climatique y est déjà visible : la température moyenne de la Guyane a augmenté de 0.6°C depuis un demi-siècle, avec une accélération au cours de ces deux dernières décennies. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) y prévoit une augmentation  de la température de l’air de l’ordre de 3.3°C en moyenne annuelle entre les années 1980-1999 et les années 2080-2099.

Face à  ce réchauffement climatique,  le monde a tenté de réagir : au sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, 150 pays ont signé la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique ; ils s’engageaient alors à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau empêchant toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Plus de 30 ans après, la COP 21 a tenté de mettre en œuvre réellement cette lutte collective contre le réchauffement.

La déforestation s’accroit…

Alors qu’elles pourraient être un des moyens de lutte  contre ce réchauffement, les forêts sont menacées, la déforestation n’a pas cessé d’augmenter : depuis 15 ans il disparait dans le monde 80 000km² de forêt par an en moyenne, dont 53% en Amazonie ; c’est la zone la plus touchée dans le monde et on estime que toutes les 7 secondes, c’est l’équivalent d’un terrain de football qui est rasé. Certains experts pensent qu’à ce rythme et si rien ne change, en 2150 la forêt amazonienne aura disparu…

D’abord, cette déforestation provient de l’exploitation du bois mais aussi de mise en culture de terres : en 2015, l’Indonésie par exemple a été la proie de gigantesques incendies de forêt, souvent allumés volontairement pour installer des plantations de palmiers à huile : ils ont détruit entre 40 000 et 200 000 hectares en quelques mois et ont généré d’énormes pollutions toxiques, près de 35000 personnes en ont été victimes.

Mais, en Guyane française, c’est surtout l’orpaillage qui est responsable de la destruction de la forêt. En décembre 2015, les autorités estimaient que 25 000 hectares de forêt avaient été rasés par les chercheurs d’or en 15 ans.

En effet, pour découvrir le précieux métal, des orpailleurs, le plus souvent clandestins, doivent accéder à des petits cours d’eau au sein de la forêt tropicale. Pour dénicher les fines paillettes d’or au fond des lits de ces ruisseaux, ils retournent alors d’énormes quantités d’alluvions qu’ils nettoient avec des lances à eau très puissantes. Ils laissent derrière eux des quantités de boue dans lesquelles le mercure naturellement présent dans le sol de Guyane a été libéré : il s’ensuit alors des pollutions importantes pour toute la faune aquatique mais aussi pour tout l’environnement forestier et ce sont les populations amérindiennes, qui y vivent, qui sont les premières touchées.

Ensuite abandonnés, ces chantiers clandestins laissent derrière eux des tonnes de déchets domestiques ou industriels et des zones de forêt complètement détruites.

Mais des mesures de protection sont initiées

La France a d’abord créé, en 2007, le parc national amazonien de Guyane, qui, avec les réserves brésiliennes, forme la plus vaste aire protégée de forêt tropicale au monde : 3,4 millions d’hectares sont particulièrement surveillés au centre et dans le sud de la Guyane. Les agents du Parc jouent un rôle non négligeable dans la surveillance de l’orpaillage clandestin.

C’est aussi l’action, de l’office national des forêts (l’ONF) qui gère, protège et surveille près des 2/3 des 8 millions d’hectares de la forêt de Guyane. Il s’agit pour cet organisme de mettre en place une gestion durable et multifonctionnelle de la forêt, générant des ressources pour les habitants tout en préservant la biodiversité et les écosystèmes forestiers.

Des ONG sont  également  très présentes comme le WWF (World Wide Fund- fonds mondial pour la nature) qui en Guyane publie régulièrement des rapports pour dénoncer  l’exploitation de l’or clandestin.

Enfin, l’état français organise lui aussi la lutte contre ces orpailleurs et le trafic d’or qu’ils génèrent ;  ainsi en décembre dernier, deux gendarmes ont été tués dans un affrontement avec ces trafiquants. La préservation de la plus grande forêt française passe malheureusement par là et on estime aujourd’hui que la Guyane française est beaucoup moins touchée par la déforestation et l’orpaillage clandestin que ses voisins, le Surinam ou le Guyana, la Guyane britannique où la situation ne cesse de s’aggraver.

Mehdi Hammoudi

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