Le sud de la france sous les eaux

Le Sud de la France sous les eaux

                Dans le Gard, entre Nîmes et Alès,  dans la nuit du 15 novembre 2014,  une mère et ses deux jeunes enfants de 1 et 4 ans, périssent noyés. Vers minuit trente, la voiture qui transporte le couple et ses deux enfants s’engage sur un pont submergé par la crue de la Droude, au sud d’Alès. La voiture tombe en contrebas. Des témoins du drame et les secours parviennent à sortir des eaux le père qui est hospitalisé. Le corps du bébé ne sera découvert qu’en milieu d’après-midi, après d’intenses recherches des pompiers et gendarmes. De ce drame des crues, seul le père de famille survit.

Un phénomène régulier

Pas  loin de là, au même moment, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), de nouvelles inondations affectent le département du Var qui avait été placé en vigilance orange “pluies et inondations” par Météo France ; cela fait trois fois en 2014 que l’ouest-Var est confronté à de violentes inondations, seulement dix mois après avoir déjà subi des événements d’une grande ampleur. Il y avait déjà eu  novembre 2011 et octobre 2012, où le sud-ouest varois était lui endeuillé par des inondations qui provoquèrent la mort de deux étudiants à Toulon. En fait, depuis 2010, le phénomène semble se multiplier et revenir de plus en plus souvent.

Ces inondations peuvent submerger des zones ou des territoires entiers, de façon plus ou moins rapide, pour plusieurs raisons : débordement d’un cours d’eau, à cause de pluies diluviennes, fonte des neiges ou des glaces en amont, ruissellement, accumulation d’eau à cause de précipitations très importantes qui ne peuvent plus être évacuées ou infiltrées, saturation et remontée des nappes souterraines lors d’une tempête.

Dans les cas cités, à chaque fois, ce sont des précipitations inhabituelles  qui sont évoquées : ainsi la nuit du 14 au 15 juin 2010 avait vu  tomber plus de 150 litres d’eau par mètre carré. Selon Météo-France il s’agissait alors  d’un record de précipitations. Mais peut-on dire que c’est exceptionnel quand le phénomène revient quasiment chaque année ?

 
Le Var sous les eaux en octobre 2014 (source Jesmar via Wikimedia Commons)

Des effets du réchauffement climatique ?

Ces pluies intenses sont nées dans des masses d’air chaudes venant du sud du bassin méditerranéen : ces masses d’air sont rendues instables avec un caractère orageux lors de leur passage au-dessus de la mer.

Pour mieux comprendre le phénomène, on  peut s’appuyer sur un exemple concret : quand on chauffe une certaine quantité d’eau dans une casserole, la vapeur monte. Avec l’air froid il y a une condensation c’est à dire formation de nuages, le vent les déplace et la condensation se poursuit jusqu’à ce que des gouttes suffisamment grosses se forment et tombent au sol,  c’est la pluie ! Avec le réchauffement climatique, la mer (l’eau dans la casserole) est de plus en  plus chaude ; le phénomène s’accentue donc et les pluies deviennent diluviennes, provoquant des inondations.

A l’automne 2014,  la France a été, pendant un mois, sous l’influence d’un régime perturbé de sud-ouest piloté par un vaste système dépressionnaire positionné sur l’Atlantique. Par ailleurs la température de surface de la mer Méditerranée a été, en septembre, plus chaude que la moyenne sur toute sa partie nord-ouest. Du fait de cette température élevée, les masses d’air maritime étaient particulièrement chargées en vapeur d’eau. Avec la configuration géographique particulière de la côte languedocienne et des Cévennes, la conjonction de ces ingrédients a conduit à ces épisodes de pluies intenses, typiques de cette région et de cette période de l’année : le contraste entre des masses d’air chaud et humide et des masses d’air sec et plus frais favorise le développement de pluies intenses, durables et parfois stationnaires.

Ces catastrophes, naturelles à l’origine,  sont de plus accentuées par la main de l’homme. En effet, l’aménagement du territoire et des sols favorise le ruissellement et donc l’accumulation d’eau dans les fonds de vallées habitées. On a longtemps  privilégié les aspects économiques liés au développement du tourisme ou à la construction de lotissements ou de zones d’activité sans se préoccuper des inondations qui pouvaient en résulter mais qui restaient jusqu’alors exceptionnelles.

Des solutions contre ces inondations 

Peu de choses peuvent être entreprises par l’homme contre les grandes crues. Toutefois, il est possible d’en limiter les dégâts aux cultures et aux installations de la zone inondable du fleuve par diverses mesures mises en œuvre soit isolément, soit de façon combinée. Ainsi, on peut tenter de réguler les débits lors des crues  grâce à des barrages et des réservoirs  en stockant temporairement l’eau et en la relâchant plus tard.

On peut également envisager la replantation de haies : ces aménagements végétaux permettent d’éviter le ruissellement des parcelles de labour ainsi que l’érosion. On doit aussi nettoyer les rivières, déblayer leurs abords pour éviter d’aggraver les dégâts liés aux objets transportés par les cours d’eau  mais aussi pour lutter contre l’envasement. Mais ce programme  d’action de prévention doit aussi garantir une satisfaction de l’ensemble des usagers liés au cours d’eau et  restaurer l’équilibre des milieux aquatiques. Tout ceci n’est  pas si simple car les besoins des uns ne sont pas forcément en adéquation avec les attentes des autres et les solutions envisagées peuvent porter préjudice à certains  usagers.

Finalement, l’action de l’homme n’est jamais anodine, et toutes les actions dans ce domaine ne peuvent se faire sans une réelle concertation entre tous les acteurs et utilisateurs de l’eau : l’ampleur des dégâts depuis plusieurs années a,  au moins, eu pour effet que désormais tous se sentent concernés et comprennent la nécessité d’agir rapidement et efficacement.

 

Julie Amara et Tiffany Cailliez

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