Les Baléares, un joyau… pollué !

« Formentera, 70 kilomètres de côtes, dont 20 de sable fin, des eaux turquoises (les plus limpides de Méditerranée), des criques paradisiaques », voilà comment est décrite l’île de Formentera sur Internet ! Cependant tout le monde n’est pas du même avis : « On est très loin de notre légendaire tranquillité et  certains fuient à toutes jambes», assure Juan Escandell, agent de voyages.

Les Baléares verraient ainsi leur environnement menacé ! Mais pourquoi ?

Des eaux polluées

Voici deux photos prises en 2009 : l’une avec le paysage des Baléares qui ressemble au bijou et l’autre nous dévoilant ce qui « se cache sous l’eau

La Méditerranée est une mer semi-fermée, ses eaux sont renouvelées tous les 80 ou 100 ans à l’intérieur du Bassin Méditerranéen. Pendant ce temps, l’eau suit un parcours particulier avec le courant Liguro-Provençal : ce courant se forme dans le Golfe de Gênes par la réunion des courants qui coulent vers le Nord des deux côtés Est et Ouest de la Corse ; il longe la pente du talus continental de la mer Ligure à la mer Catalane en passant, généralement, le long du plateau continental du Golfe du Lion. Dans la mer Catalane, une partie du courant repart vers le Nord-Est au Nord des Iles Baléares et l’autre partie continue le long de la côte vers le Sud.

Ce courant liguro-provençal en passant prés des côtes de l’Italie emporte tout sur son passage et notamment la pollution, qui souvent, arrive dans les ports des îles Baléares. On estime ainsi que 635 000 tonnes d’hydrocarbures ont été lâchées dans les courants marins de la Méditerranée ainsi qu’environ 55 000 tonnes de produits pétrolifères lors des accidents ou des avaries des bateaux.

Sans compter les pollutions dues aux dégazages.*

 

Les effets du tourisme

Ibiza « capitale des discothèques » située dans les Baléares, a ainsi vu sa pollution augmenter très rapidement ; mais ici le courant liguro-provençal n’explique pas tout ! C’est aussi l’affluence continuelle des touristes qui a provoqué le bétonnage des côtes ainsi que la création d’un aéroport (pour les 100 000 touristes quotidiens qui l’empruntent), d’autoroutes, et une multiplication des ferries. En 2007, un panel de plus de 500 experts classait Ibiza comme la pire des îles parmi 111 autres en terme d’impact touristique. C’est par exemple, le flot continuel de demande en eau pendant les périodes touristiques qui oblige les îles Baléares à faire entièrement confiance aux usines de dessalement car les nappes phréatiques se trouvant en dessous des îles ont été désignées comme non utilisables, à cause de la pollution mais aussi du peu d’eau qu’il y reste. Or l’on sait que les techniques de dessalement utilisent le plus souvent des produits pétroliers et rejettent ainsi du CO2.

Ainsi la consommation d’énergie à Ibiza a augmenté de façon spectaculaire (près de 70%) au cours de la dernière décennie de même que le volume des déchets ménagers : la collecte sélective et le recyclage ne représentant actuellement qu’une petite fraction du total des déchets produits (environ 6,6% et 5,4% en 2008). Le tri sélectif devrait bientôt être développé mais il faudra des mesures supplémentaires pour encourager la réduction des déchets et améliorer les services de collecte. Ibiza a voulu favoriser d’abord son enrichissement grâce au tourisme plutôt que de garder sa biodiversité.

Une biodiversité menacée

Le non-respect des réglementations sur la pollution dans cette île a gravement mis en danger sa biodiversité pourtant exceptionnelle. Ainsi certaines espèces sont actuellement en voie de disparition comme le phoque moine ou encore la plante Ecteinascidia turbinata (de son nom scientifique) qui sert à combattre le cancer. De même une plante comme la Posidonie (Posidonia Oceanica), une algue fréquente dans toute la Méditerranée voit sa population diminuer à cause des moteurs ou des ancres de bateaux qui viennent s’enrouler dans ses algues. Leur disparition pose de nombreux problèmes car ces prairies de posidonie constituent le lieu le plus propice à la reproduction de nombreuses espèces.

Des actions

Dans l’objectif de protéger ces prairies sous marines, le Ministère de l’Environnement du Gouvernement des Iles Baléares, a créé, dans des Sites d’Importance Communautaire (IC), sorte de zone protégée, des points de mouillage de faible impact écologique et les activités qui peuvent être réalisées dans ces zones sont réglementées.

De même face à cette énorme pollution liée au tourisme, le gouvernement espagnol a décidé de la « jouer plus écolo» dans ses îles. Ainsi les transports en commun, le traitement des eaux usées, la préservation des côtes (éviter le bétonnage) seront favorisés. Depuis quelques années, le gouvernement essaye aussi d’installer la loi « pollueur, payeur » qui serait tellement profitable, mais elle n’est pas approuvée par tous… Certains ne voient pas d’un bon œil en effet la préservation de l’écosystème des Baléares qui risque de leur faire perdre de l’argent mais aussi beaucoup de touristes !!!

Maxime Philippon

 

*Le terme dégazage est un terme improprement employé par les médias pour désigner un rejet volontaire à la mer d’hydrocarbures lors du nettoyage de cuves par exemple.

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