Le futur s’appelle Roubaix

Le futur s’appelle Roubaix

Les 2de E enquêtent, visitent, découvrent…le mardi 19 février, ils sont partis en reportage dans la métropole lilloise à la découverte de quelques exemples d’action menées dans le domaine du développement durable. Maxime Cléments nous raconte sa journée…

Le lundi 19 février, les élèves de la classe de Seconde E ont eu la chance de visiter l’éco quartier de l’Union, à la frontière entre Roubaix, Tourcoing et Wattrelos et aussi l’un des plus grands fabricants d’enveloppes en France, Pocheco.

Le quartier de l’Union : une reconversion réussie

A la base, c’était une zone industrielle du textile de 350 000 m² qui avait connu un fort développement dans les années 1850 à 1970 lors de la Révolution industrielle… Il y avait donc beaucoup d’usine, et de nombreuses petites habitations ouvrières : le canal de la Deûle et le chemin de fer étaient utilisés pour transporter les marchandises et le charbon. Mais, dans les années 1970, c’est la crise du textile et, petit à petit les usines finissent par fermer et le chômage devient très important. Il ne reste alors que les résidus de pollutions lourdes et un paysage de friches industrielles qu’il va falloir réorganiser pour convenir aux nouveaux besoins. Pour cela, Lille Métropole Communauté urbaine étudie le projet du quartier de l’Union en 2000 avec, déjà, l’idée d’un pôle sur la recherche textile, de vente par correspondance et d’un pôle audiovisuel.

Yves Lepers, missionné dans l’aménagement du quartier de l’Union, nous a expliqué le déroulement du projet : en 2002, est posée la question de mise en valeur de la ville avec de nouveaux logements et un parc urbain. En 2005, les plans d’urbanisme sont validés, avec 350 000m² à réaménager. En vue de l’agenda 21, le projet est repensé en accord avec le développement durable : on revoit donc les transports en commun autour du canal et de la voie ferrée, car avec le développement, il y aurait entre 4000 et 6000 salariés supplémentaires sur la zone.

De 2006 à 2009, sont sélectionnés les bâtiments à conserver et le pôle image se constitue. L’association « Rase pas mon quartier » réussit à obtenir une réhabilitation de l’îlot Stephenson qui, au départ, devait être démoli. Le canal, auparavant pollué par des produits chimiques de l’industrie du textile, est rouvert à la navigation de plaisance. Il devient un lieu de vie attractif, les pêcheurs peuvent revenir et c’est un atout pour les logements qui se trouvent à proximité. De plus, il a été agrémenté de la « Trame verte », un chemin arboré et végétalisé qui fait la part belle à la biodiversité. Pour dépolluer les sols de la zone industrielle, on utilise également la phytoremédiation, la dépollution par les plantes.

En 2011, grâce à ses premiers aménagements, l’Union a obtenu le grand prix national de l’écoquartier. L’Imaginarium, lieu central de la Plaine Image, est inauguré. Commence alors la construction du Centre Européen des Textiles Innovants, une plateforme de recherche des nouveaux textiles. En 2015, la Ruche d’entreprise, qui peut accueillir 70 entreprises, est terminée :  c’est un parking modulable, avec des cellules qui peuvent très vite se convertir en bureaux. On inaugure les premiers logements neufs, Urban Harmony. Le tertiaire arrive également avec la venue de LMH et de Vinci Construction France. Le bâtiment de la brasserie Terken est réinvesti par Décathlon avec le Kipstadium, siège mondial de la marque de sports collectifs. Du côté des espaces publics, le parc s’agrandit avec 160 arbres plantés en 2015. Des travaux sur le bassin préservé et les quais commencent également. En 2022, 1/3 des espaces seront construits et en partie vendus.

Le quartier de l’Union est donc le parfait exemple d’une zone industrielle qui s’est reconvertie, qui a su diversifier ses activités, et qui s’est remis au goût du jour en accueillant de grandes firmes, tout en ramenant la biodiversité autrefois repoussée.

La Plaine Image ou l’université à l’usine

Cette  université de l’audiovisuel de Tourcoing est basée dans une ancienne usine de textile qui a été rénovée, et dont on peut d’ailleurs apercevoir les murs de briques de l’extérieur, comme à l’époque. Elle fait partie intégrante du projet de l’Union, qui avait pour but, entre autres, d’intégrer un pôle image. C’est un ensemble de 5 hectares, composé de deux studios (Pictanovo), de 500m² et de 2000m² dans lesquels sont tournées des séries comme Les petits Meurtres d’Agatha Christie diffusés sur France 2. On y trouve aussi un coworking space, lieu de travail ouvert pour faciliter les échanges, plusieurs habitations rénovées ou neuves ainsi qu’un parking en hauteur. 1800 personnes y travaillent actuellement, l’objectif est d’atteindre les 3000. C’est un incubateur d’entreprises et de start-up, c’est-à-dire un lieu qui aide les entreprises à se développer et à porter leurs projets. On y traite tout type de média liés à l’image comme la création de jeux vidéos (Ankama), de films, de publicités ; on y apprend également la publicité, le marketing digital, le développement web, en passant par les nouvelles réalités. Tous ces différents métiers cohabitent dans cet espace, comme dans un écosystème.

Pocheco : une entreprise « écolonomique »

Cette entreprise de Forest sur Marque (Nord) fabrique essentiellement des enveloppes et des sacs à soufflet. Au départ, c’est une usine ordinaire qui fabrique des enveloppes ordinaires, sans se soucier de l’environnement avec une pollution des cours d’eau alentours, un usage de papier non durable et des tensions sociales au sein de l’entreprise.

Lorsqu’Emmanuel Druon est arrivé en tant que directeur de l’entreprise, il a décidé d’adopter un mode de gestion durable pour remédier aux problèmes. Il s’est appuyé sur trois critères : la baisse de l’impact sur l’environnement, la réduction du risque au travail et l’amélioration de la productivité. Il appelle cela « l’écolonomie ». L’entreprise a investi 10 millions d’euros dans des modifications profondes de l’usine mais une économie de 15 millions € a déjà été accomplie.

Les bâtiments sont, pour la plupart, bardés de mélèze, un bois produit en France, qui permet d’absorber le bruit grâce à sa forme et qui intègre l’usine dans la nature, le site étant végétalisé à 70%. Des nichoirs pour les buses, les faucons et les chauves-souris ont été installés. L’usine est chauffée à 50 % par l’énergie des pompes à vide et les 50 % restants avec une chaudière à biomasse, fonctionnant aux déchets de palette. La toiture est végétalisée pour une bonne isolation thermique et phonique ; elle absorbe aussi l’eau de pluie puis l’évapotranspire (rejette l’eau dans l’air). Le surplus d’eau de pluie est utilisé pour les toilettes. Grâce à ces éléments, les bâtiments fonctionnent à énergie positive. Le bâtiment est également pourvu de panneaux solaires qui délivrent 200 000kw/h par an. Les eaux ne sont pas directement jetées à l’égout, elles passent d’abord par un système de filtration avec des bambous.

Pour les machines, Pocheco a adopté la maintenance préventive, les ouvriers sont qualifiés pour réparer et améliorer les machines eux-mêmes. Les enveloppes sont stockées, pour les clients qui l’acceptent, mais ils adoptent peu cette solution pour l’instant, sur des bobines réutilisables qui peuvent recevoir 40 000 enveloppes, ce qui évite l’ajout de carton pour les boîtes et prend moins de place. Ils utilisent aussi des palettes en bois consignées, ce qui représente 70 % du marché.

Pocheco produit 2 milliards d’enveloppes par an, avec 50 tonnes de papier issu de forêts gérées durablement. Le papier recyclé utilisé n’est pas blanchi car cela évite l’emploi de solvants, Pocheco préfère donc utiliser du papier neuf pour les enveloppes blanches. Les encres utilisées sont à base de pigments végétaux, les colles sont sans solvant et ne sont pas à base de poisson (pour ne pas affaiblir la biodiversité) .

Le marché de l’enveloppe se réduisant à cause des e-mails, Pocheco a décidé de diversifier ses activités avec notamment la permaculture : un jardin de 2000m² est cultivé par un salarié, qui pourra par la suite s’agrandir,  le but étant, d’une manière ou d’une autre, de sécuriser les 130 emplois. 12 ruches sont aussi installées sur les toits des bâtiments et elles produisent 150kg de miel par an. Les salaires sont fixés sur une échelle de 1 à 4 car le marché des enveloppes est trop faible pour augmenter davantage les prix. Les bénéfices servent à financer les installations et le reste est redistribué comme les fruits et légumes qui sont partagés entre tous les employés ; l’argent sert à financer des massages, des professeurs de sport…

L’entreprise a réalisé une étude qui montre que, finalement, l’emploi des enveloppes de Pocheco impacte moins la planète que les e-mails, puisque les data centers qui les stockent dégagent beaucoup de chaleur et consomment beaucoup d’énergie.

Qu’on se le dise : le bilan carbone est donc meilleur avec les enveloppes Pocheco !!! Et si finalement, la dématérialisation des factures n’était pas si écologique qu’on veut bien nous le faire croire ? 

Maxime Cléments

 

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