Le Collège Robert-Badinter, en avant vers le futur !

Et si on rêvait un peu ? Un court sondage dans notre classe nous brosse le portrait du lycée idéal, au bord de la plage, avec des lieux lumineux, un accès rapide à la cantine, des pantoufles aux pieds, des salles de sieste, du wifi, des jardins sur les toits, des espaces de bronzage, des distributeurs de nourriture…D’accord, nous allons peut-être un peu loin… mais finalement que pourraient être nos établissements scolaires de demain ?

Le collège a été implanté juste à côté de la gare ferroviaire et routière, un plus pour l’accessibilité (Photo Jeanne Bruniaux)

Une réalité parfois bien compliquée ou des besoins de rénovation partout

Dans plusieurs lycées de notre région, des manifestations ont eu lieu cet hiver pour dénoncer le manque de chauffage mais aussi parfois la vétusté des locaux. Par exemple, au lycée de Marcq-en-Barœul près de Lille, élèves et professeurs sont descendus dans la rue pour dénoncer des « températures en dessous de 15 degrés dans les salles et l’humidité qui suinte sur les murs ». Dans d’autres établissements on dénonce le problème d’absence de vidéo- projecteur, de connexion internet qui affecte le travail des élèves et des enseignants. Dans d’autres collèges ou lycées, c’est le manque d’espace de vie collective, de salles de travail qui est évoqué. D’après une enquête réalisée dans plus de 600 établissements par un syndicat majoritaire dans l’Education Nationale, dans 43% des établissements, des défauts d’aération sont observés (ouvrants défectueux, absence de ventilation…) ; dans 18% des locaux scolaires, on parle de problèmes de moisissures et seuls 32% des établissements sont considérés en bon état.  A Cambrai, notre ancien collège, le collège Paul Duez, avait bien besoin d’une rénovation avec un problème de manque de place, d’absences d’espaces de vie collective propres et des dégradations liées au temps sans oublier un système de chauffage qui ne permettait pas de réguler correctement les températures. Les témoignages que nous avons recueillis auprès d’anciens camarades le soulignaient : « trop de monde pour la cantine et les toilettes »,  » il faisait super froid ou super chaud », « moisissure apparente », « ameublement dégradé et rarement remplacé »…

Le collège Robert-Badinter : une réponse adaptée et moderne ?

Après plusieurs années de réflexion, le département du Nord en concertation avec la ville de Cambrai a décidé de reconstruire le collège et de le sortir de la grande cité scolaire dans laquelle se trouve notre lycée.  En plus d’apporter une solution fonctionnelle, « ce collège a aussi été conçu dans une démarche plus moderne et éco-responsable, offrant un cadre d’étude mieux adapté aux enjeux actuels, tant en termes d’espace que de performance énergétique », nous confie la secrétaire générale, Mme Nassrallah.

En tant que collégiens, nous avons été consultés et associés, pendant deux ans, à sa conception comme tous les personnels de l’établissement :  nous avons ainsi pu donner notre avis à l’architecte sur tous les éléments du projet. Au total, ce sont près de 25 millions d’euros qui ont été investis par le département et ce collège Robert Badinter a été le premier du Nord à être construit en ossature bois. L’idée était de mettre en avant l’éco-responsabilité, ce qui lui a permis d’obtenir une certification haute qualité environnementale (HQE).

Après deux ans de construction, c’est finalement le 2 septembre 2024 que le nouveau collège Badinter a accueilli ses premiers élèves…sans nous qui sommes devenus lycéens.

Mais nous sommes venus enquêter : ici, de nombreuses innovations ont été mises en œuvre notamment, l’installation d’une cuve de récupération d’eau de pluie d’une capacité de 25 mètres cubes, ce qui permet d’alimenter 50% des besoins en eau pour les sanitaires et contribue ainsi à une gestion plus durable de la consommation d’eau. 80% du collège est construit en bois, ce qui favorise non seulement une intégration harmonieuse dans le paysage environnant, mais réduit également l’impact carbone de la construction et permet une meilleure isolation.  En outre, le collège se distingue par sa faible consommation énergétique, limite ses rejets de C0² ; en supprimant les bornes wifi fixes, il a opté pour des chariots déplaçables afin de limiter les ondes électromagnétiques, ce qui témoigne d’une approche réfléchie en matière de santé et de bien-être. 

La présence de panneaux solaires sur le toit apporte en moyenne près de 15% de l’électricité de l’établissement (photo C. Lefebvre Voix du Nord)

Thomas Stefanczyk, professeur de SVT nous explique que pour le chauffage, une chaudière à pellets locaux, composée de déchets de bois compressés sous formes de granulés, a été installée, permettant ainsi de réaliser des économies d’énergie sur le long terme. L’établissement est également équipé de panneaux solaires qui produisent 15% de l’électricité nécessaire. Coté transport, un garage à vélo sécurisé est opérationnel et le collège, implanté juste à côté des gares routière et ferroviaire, encourage l’usage des transports en commun. Enfin, une ventilation à double flux reliée à des capteurs de C02 dans les salles permet d’optimiser l’aération pour garantir un environnement sain pour les élèves et le personnel, nous explique Mme Nassrallah.

Vers des collèges plus responsables

L’exemple du collège Badinter pose une question essentielle pour l’avenir des infrastructures scolaires : Comment construire des établissements plus durables et adaptés aux enjeux environnementaux ?

Avec le changement climatique global et la nécessité de réduire la consommation d’énergie, il devient essentiel de penser les futurs collèges en intégrant des solutions écologiques. Isolation renforcée, utilisation des énergies renouvelables, gestion optimiste de l’eau et des déchets, réflexion sur les mobilités : autant d’éléments qui devraient devenir des normes dans les constructions scolaires de demain.

Le bois est très largement présent comme ici au CDI du collège
 (photo Jeanne. Bruniaux)

Néanmoins cela a un coût : la construction d’un tel établissement nécessite des choix financiers ambitieux et une maitrise technique encore à développer. A Badinter, il y a encore des réglages à faire, des consommations à adapter car le pellet est parti un peu trop vite dans la chaudière cet hiver, et puis dans un établissement tout neuf et en cours de finition, il y a encore plein d’ajustements. Mais la création de ce collège ouvre sans aucun doute la voie à une nouvelle génération d’établissements scolaires plus respectueux de l’environnement et du bien-être des élèves. Et ça c’est plutôt très encourageant car face aux défis climatiques et pédagogiques, ne serait-il pas temps d’en faire un standard pour toutes les futures constructions scolaires ?

Et nous, nous y avons un peu contribué…

Lyse Bleard, Jeanne Bruniaux, Philae Capon-Dufourmont et Angeline Lemaire

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