Les fraises : chimiques en février ou naturelles mai ?

Les fraises : chimiques en février ou naturelles en mai ?

La fraise est très appréciée par les Français : chaque année 120 000 tonnes sont consommées mais beaucoup n’ont pas la patience d’attendre le mois de mai pour se régaler… En effet, dès le mois de février on peut trouver des fraises dans certains magasins. Elles viennent pour la plupart d’Espagne, mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes.

hublot37fraises

L’usine à fraises de l’Europe

L’Espagne est le premier producteur mondial du fruit rouge. Près de 60% de sa production totale vient de la région de Doñana au sud de l’Espagne, surnommée « l’usine à fraises de l’Europe ». Elle produit entre 40 et 50 tonnes de fraises par an et par hectare. A perte de vue, l’espace est recouvert de serres en plastique. Près de 100 000 tonnes sont exportées chaque année, et 35% directement vont vers l’Hexagone. Elle s’étend sur 6000 hectares (superficie égale à la ville d’Avignon) et elle continue encore à se développer même si elle empiète déjà de 450 hectares sur le parc national de Doñana. Cette région est à l’origine une région aride et ce « potager » a besoin de près de 20 millions de mètres cube d’eau par an, ce qui correspond à près du tiers des ressources des nappes phréatiques… Besoin qui met la biodiversité locale comme le lynx ibérique en danger : cette dernière a un besoin permanent d’eau et d’humidité.

Bâches et engrais « magiques »

Les fraises sont cultivées sous serre : les employés étendent de grandes bâches au dessus des plants pour conserver l’humidité permettant à l’entreprise d’économiser des milliers d’euros. Les 4500 tonnes de plastique utilisées chaque année sont censées être triées et recyclées, mais l’engagement n’est pas souvent respecté et les bâches peuvent se retrouver dans la nature. De nombreux engrais sont également utilisés comme le phosphore pour accélérer la pousse, le calcium qui modifie la consistance (le fruit devient plus ferme) et d’autres encore pour avoir la couleur rouge… En revanche ils modifient fortement le goût qui devient, de ce fait, beaucoup moins prononcé. Pour avoir des fraises si tôt dans l’année, certaines entreprises placent les plants au frigo l’été pour leur faire croire que c’est l’hiver et les ressortent vers le mois de novembre pour les remettre en terre. Elles les couvrent alors de nouveau avec des grandes bâches pour conserver la chaleur. Les sols sont traités pour protéger les fruits des maladies et des insectes.

Des fraises pas chères pour des salaires de misère

Le trajet pour la distribution en France dure approximativement deux jours et les entreprises injectent des conservateurs pour que les fraises résistent au voyage et conservent une belle forme à leur arrivée. Revendues entre 1,95 € et 2,50 € le kilo (approximativement la moitié du prix des fraises françaises), ces fraises espagnoles attirent énormément de consommateurs à partir de février. Les entreprises espagnoles arrivent à faire des bénéfices malgré ce prix minime grâce aux économies très importantes qu’elles font sur le prix de la main-d’œuvre beaucoup moins chère qu’en France : les employés sont payés environ 950 euros par mois pour se baisser pendant six heures sous une chaleur parfois dépassant les 40°C.

Mesure-t-on toujours cela quand on mange des fraises espagnoles en février ?

 

Justine Lenglet et Isis Lelièvre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.