Des fringues DD, c’est dingue !
Accablés par les images de catastrophes naturelles, incendies en Australie, inondations en France, ruptures de glaciers, constamment avertis par les scientifiques qui nous disent que la planète n’a jamais été aussi menacée, que pouvons-nous faire ? Se lamenter ou essayer de faire bouger les choses ?
Florent Liénard a clairement opté pour la deuxième solution ! Originaire de Cambrai dans le Nord et sensible à l’écologie, il a travaillé dans le design d’applications mobiles. En 2018, le jeune chef d’entreprise décide de créer sa marque de vêtements écoresponsables. Nous nous sommes entretenues avec lui et nous avons évidemment abordé le sujet de l’écologie et de la mode…
« L’industrie du textile de la mode est la 2ème industrie la plus polluante du monde », nous confie Florent Liénard. « Elle consomme énormément d’eau et contribue aux émissions mondiales de gaz à effet de serre avec 1,7 milliard de tonnes de CO2 par an, se plaçant juste derrière l’industrie du pétrole ». Elle pollue également les océans avec ses produits chimiques, comme les colorants, qui y sont déversés et elle rejette 20% des eaux usées mondiales. Le coton vient d’Asie et d’Afrique ce qui rallonge les trajets et accentue la pollution de l’air et des océans.
En Asie du Sud-est (par exemple), les conditions de travail dans les usines de textile sont déplorables et dangereuses : 70 heures de travail par semaine pour, finalement, à peine pouvoir se nourrir…
Vous l’aurez compris, ça fait beaucoup ! L’industrie de la mode n’est pas respectueuse de l’environnement et au niveau social, vraiment pas top non plus ! Il faut pouvoir changer les méthodes de confection et au plus vite !
Mais comment produire des vêtements tout en préservant notre environnement ?
Pas de panique ! Des entreprises ont déjà essayé de remédier à ce problème. La marque Héro (« Air et eau »), justement fondée par Florent Liénard, propose des sweats 100% écoresponsables. Ses sweats sont fabriqués grâce à des chutes de tissu et des bouteilles en plastique, recyclées en Espagne, à Alicante. Elles y sont lavées, broyées et fondues pour créer un fil associé à un autre fil de coton, recyclé avec les chutes de tissu. La confection se fait dans la Loire et le tissage dans la Somme, à Moreuil. Ce trajet d’environ 1 500 km peut encore paraître très long mais il est pourtant plus respectueux de l’environnement que la production « normale » d’un sweat fabriqué à bas coût en Asie du Sud qui parcourt au minimum 8 200 km avant d’être vendu dans nos boutiques.
De même, la consommation d’eau est moindre : pour chaque sweat de la marque Héro, seulement 50L d’eau sont nécessaires, au lieu des 8 000L pour un sweat basique. Pour l’instant, Héro ne propose qu’un seul modèle de sweat unisexe, décliné en six couleurs et au prix unique de 79€. Florent Liénard précise que son produit n’est pas plus cher qu’un sweat de marque et qu’il souhaite, à l’avenir, étendre sa gamme de vêtements. Et puis Héro n’oublie pas le social puisqu’en achetant un sweat, le consommateur finance l’accès à l’eau potable pour trois personnes en Birmanie : l’association française PASDB (Pour une Action Sociale Durable en Birmanie) se charge de récupérer l’eau sale dans de grands bassins, une machine filtre les bactéries, traite l’eau et hop ! de l’eau propre !
Héro nous montre ainsi que, par nos achats, nous pouvons contribuer à changer le monde à notre échelle.
D’autres marques s’engagent
L’initiative de Florent Liénard est loin d’être isolée. Aujourd’hui il existe de nombreuses alternatives à la fast fashion. Vous connaissez peut-être 1083, cette marque de Romans-sur-Isère qui fabrique des jeans à moins de 1083km de chez vous, ou encore Ogarun, marque nordiste de vêtements pour les sports d’extérieur confectionnés avec de la laine, du lin, du polyester et du coton recyclés.
Depuis septembre dernier, nous suivons d’ailleurs Bastien et Laura deux jeunes aventuriers cambrésiens partis faire un tour du Monde à vélo, à la recherche d’initiatives lancées partout dans le Monde pour une transition écologique. Et ils sont justement ambassadeurs de la marque Ogarun. Laura, que nous avons pu joindre dans une visioconférence récente, nous raconte depuis la Bulgarie pourquoi : « Ogarun d’abord c’est une fabrique située dans la région lilloise, tout près de là où nous habitions avant notre départ en France. Et puis la laine Mérinos c’est épatant : elle s’adapte au froid et au chaud et après plusieurs jours à pédaler et à transpirer, aucune odeur ». Du produit
local avec en plus plein d’avantages !
Si ces vêtements qui nous garantissent une rémunération correcte de leurs producteurs ne rentrent pas dans tous les budgets, il y a aussi des boutiques de seconde main, les fameuses friperies qui se multiplient et qui sont la solution pour faire durer la vie d’un vêtement et ainsi contribuer à la mode circulaire ! Dans le même esprit, on peut dénicher de super vêtements dans les vide-dressing, ou sur des sites de revente type Vinted, même si, par correspondance, le problème de l’expédition augmente la pollution. Offrir une seconde vie à nos fringues, acheter ce qui a déjà été porté, revenir à des produits plus éco- responsables, voilà de quoi faire du bien à la planète…et finalement ce n’est pas si dingue.
Emma Barata et Suzanne Lasselin