Et si on disait oui à la Ruche ?
Jeudi, 17 heures, 75 boulevard Vauban à Cambrai : à deux pas de notre lycée, se forme un attroupement d’abeilles. Mais que se passe-t-il ? C’est une ruche un peu particulière qui bourdonne de clients ! Dans une vraie ruche, les abeilles cherchent le meilleur pour nourrir leur reine. Et ici, qu’en est-il ?
La ruche au service de ses abeilles
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’entreprise d’initiative locale n’est pas centrée sur les abeilles et leur délicieux miel, mais sur la production locale, respectueuse de l’environnement. Son nom « la Ruche qui dit oui » est assez représentatif de la réalité : la ruche mère, ce sont les producteurs et les gérants, les abeilles ce sont les consommateurs. Mais alors comment ça marche ? C’est simple : tous les producteurs proposent leurs produits sur une plateforme de commande en ligne.
En tant que consommateur, on peut commander ce que l’on souhaite, selon les stocks des producteurs et les envies, et cela, sans aucun engagement. Nous nous sommes alors rendus à la Ruche de Cambrai et nous avons assisté aux distributions. En entrant dans le local, une agréable odeur de fruits et légumes flotte, donnant envie de goûter aux produits.
A Cambrai, c’est Nathalie Dath, la dirigeante de la Ruche qui assure la distribution*, le jeudi de 14 à 19 heures. Le matin, elle reçoit les produits frais apportés par les producteurs eux-mêmes et elle bénéficie de l’aide de ses enfants pour la distribution, dans une ambiance familiale et conviviale. Les préoccupations sont aussi environnementales puisque chaque consommateur peut venir avec ses sacs pour récupérer sa commande préparée en direct. Nathalie Dath a aussi mis en place un nouveau concept : au lieu de préparer les colis dans des sachets plastiques, elle utilise des boites en bois numérotées, correspondant aux numéros de commandes, ce qui est bien plus profitable pour notre planète.
La COVID, une maladie qui booste les ruches
En cette période particulière, la Covid-19 joue un rôle important sur le fonctionnement de ces entreprises.
Lors du premier confinement, les gens, craignant une pénurie, se sont rués sur les produits non périssables
dans les grandes surfaces. Mais les entreprises comme la Ruche qui dit oui ou les Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) ont aussi vu leur clientèle augmenter considérablement.
Nathalie Dath nous confie que les distributions sont passées de 20 à 100 paniers par semaine pendant le premier confinement, ce qui était énorme et nouveau. Cela s’explique par le fait que certaines personnes se sentaient en danger en entrant dans les grandes surfaces, lieux de contamination potentielle.
Alors, depuis, dans sa Ruche, Nathalie fixe des rendez-vous afin qu’il n’y ait qu’un seul client à la fois : « cela rassure tout le monde. Un rendez-vous toutes les cinq minutes permet à mes clients de ne pas se croiser, pour éviter les contaminations ; je peux aussi vérifier la commande avec eux ».
Pourtant, cette envie de se mettre à la production locale et d’avoir un comportement soucieux de l’environnement est parfois partie aussi vite qu’elle est venue… Certains clients étaient temporaires et ont, pour la plupart, abandonné l’idée de consommer local. La Ruche de Cambrai a ainsi vu sa clientèle diminuer après le confinement. Cela n’affecte pas forcément l’entreprise puisque les commandes des clients, devenues trop nombreuses, rajoutaient une charge de travail insoutenable. Mais si la clientèle a baissé après le confinement, elle a quand même doublé par rapport à l’avant Covid.
En général, les clients de la Ruche que nous avons interviewés se disent satisfaits, qu’ils achètent peu ou beaucoup. Tous sont contents de leurs commandes et en parlent à leur entourage : un bouche à oreille efficace puisqu’ils disent même qu’il n’y a rien à améliorer !
Ainsi, Florian, un client, fidèle depuis peu, nous confiait : « C’est pendant le premier confinement que j’ai découvert la ruche, par des collègues qui connaissaient ». Depuis, il y achète quelques produits chaque semaine. D’autres sont fidèles depuis plus longtemps. Madame Nochelski que nous avons croisée explique : « Je commande en grosse quantité pour moi et mon entourage. J’achète à la ruche depuis un an et demi ».
Quelques légères réticences chez les producteurs
Pourtant, le concept ne plait pas à tout le monde. Ainsi, nous avons rencontré David Cottret, un producteur local en agriculture biologique qui, au bout de quelques mois, a décidé de quitter ses engagements avec La Ruche qui dit Oui. Il voulait, en effet, garder l’indépendance de son entreprise, la proximité avec ses clients mais aussi ne pas augmenter ses prix puisque 8,35 % reviennent au créateur du concept, 8,35 % à Nathalie Dath. Lui, il préfère donc la vente directe dans son magasin d’Estourmel ou au marché.
Même si la Ruche ne fait pas l’unanimité, c’est quand même une solution : c’est local, on favorise les petits producteurs et on évite les transferts de nourriture à travers le monde et la France. Cela réduit alors la pollution liée au transport de nos aliments. Il y a donc un vrai lien qui se crée entre le consommateur et le producteur : « on sait ce que l’on mange et ce qu’on a dans son panier » affirment les Abeilles. Alors, si c’est bon, abordable et écolo, pourquoi ne pas se laisser tenter ?
Lucine Delattre, Solène Fouquet et Tatiana Urbain
*Ailleurs, dans d’autres ruches, ce sont souvent les producteurs eux-mêmes qui assurent la distribution des produits.