La montée des eaux : un phénomène bientôt catastrophique.
Archipel au cœur du Pacifique, les îles Kiribati ont acheté 2400 hectares aux îles Fidji voisines car leur engloutissement semble inexorable.
Derrière cet exemple dramatique, c’est la question de la montée des eaux qui doit être évoquée… un phénomène mondial de plus en plus dangereux et qui concerne tout le monde.
Lors de ces 20 dernières années, les océans ont vu leur niveau augmenter de 3,2 millimètres. La prévision la plus pessimiste d’ici 2100 est une hausse de 98 cm des océans selon le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Les zones qui sont les plus touchées actuellement sont l’Asie du sud et ses grands deltas (en particulier au Bangladesh, en Inde, au Vietnam), l’Océan Indien (Maldives…) ainsi que le Pacifique sud (archipels tropicaux de Tuvalu et Kiribati) où l’eau est chaude et la hausse du niveau des océans plus importante que la moyenne globale.
Les habitants des Kiribati construisent des digues pour protéger leurs maisons de la montée des eaux |
Ce phénomène a aussi un impact économique, et notamment dans 3 pays, la Chine, l’Inde et les États-Unis, qui subiraient, d’ici 2100, une très grosse perte financière. En effet, ceux-ci ont une partie de leur territoire au niveau de l’océan ; lors de la montée des eaux, beaucoup d’habitants seraient déplacés, relogés, les entreprises et infrastructures détruites : c’est le cas pour le sud de la Floride et la nouvelle Orléans. Une ville comme Miami par exemple est directement menacée et ce sont des quartiers entiers qui seraient sous les eaux à la fin du siècle, si rien n’est fait.
Un phénomène parfois pris en compte
Ailleurs, en Europe, certains pays ont mis en place des solutions qui leur sont propres. Les Pays-Bas, par exemple, dont un tiers du territoire est sous le niveau de la mer, sont équipés, depuis des années, du plan Delta. C’est un système complexe de digues et de barrages sous surveillance constante, ce qui leur permet constamment de lutter contre la montée des eaux. Ils ont récemment entrepris des travaux pour rehausser les digues et les barrages. Ils développent aussi des systèmes d’habitations flottantes, comme à Amsterdam, ce qui leur permet de gagner de l’espace sur l’eau tout en s’adaptant au phénomène. A Venise, c’est le projet Moïse qui a été lancé en 2002 et qui devrait être achevé d’ici 2016. Ce projet consiste à lutter contre « l’aqua alta », les épisodes de fortes marées, et donc de montée des eaux, par la mise en place de digues mobiles aux entrées de la lagune.
Une montée des eaux due à 3 phénomènes combinés
La première cause est la fonte des glaces continentales liée au réchauffement climatique et à l’augmentation des gaz à effet de serre. Cette fonte est accentuée par les activités humaines qui dégagent de la chaleur et font diminuer les volumes des glaces en Antarctique, au Groenland ou en Haute montagne. On estime qu’un tiers de la montée des eaux est dû à ce premier phénomène.
La deuxième cause est liée à la dilatation thermique, c’est à dire le fait que le volume de l’eau augmente avec l’augmentation de la chaleur ; les molécules ont tendance à s’agiter et à s’éloigner et donc l’eau prend plus de volume : d’après les scientifiques, avec une augmentation de la température sur Terre de 0,6°C au XXème siècle, le niveau des océans a augmenté en moyenne de 15,6cm.
Un troisième cause peut intervenir sur de plus longues périodes ou à une échelle locale : c’est la sédimentation. Ainsi, sur des milliers d’années, des océans peuvent se combler entraînant une montée du niveau de l’eau (sur le court terme, ce sont des alluvions qui peuvent venir combler le lit de cours d’eau provoquant des crues). Avec les changements climatiques en cours, des phénomènes d’accélération de l’érosion et donc de la sédimentation sont parfois observés.
Ainsi ce phénomène de la montée des eaux océaniques concerne tout le monde, il touche, directement ou non, toute l’humanité ; il doit nous pousser tous à agir pour qu’enfin, nos pays collectivement prennent des mesures pour enrayer le réchauffement climatique.
Dylan Bouquet et Théo Aufevre