Ce mardi 15 décembre 2015, Mortaza Behboudi journaliste Afghan était l’invité de notre classe le temps d’un après-midi pour nous parler de son pays, de la liberté d’expression et de sa situation de réfugié politique.
Mortaza Behboudi est un jeune Afghan de 21 ans né à Wardak au Nord de l’Afghanistan en 1994. A deux ans Mortaza, part en Iran avec ses parents pour fuir la guerre qui régnait dans son pays et y passe toute sa jeunesse.
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| La satisfaction des dirigeants du monde entier au dernier jour de la COP21 |
Après le lycée, en 2013, il décide de revenir dans son pays pour étudier les sciences politiques à l’université de Kaboul (qui collabore avec la France). Là, il anime plusieurs ateliers pour étudiants à l’institut français de Kaboul, dirige un centre de promotion de la culture de paix (« l’Afghanistan Peace Studies Centre ») en 2013 et 2014.
Parallèlement, Mortaza entame une activité humanitaire auprès de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) pour lesquels il développe un logiciel d’apprentissage de l’anglais. Il poursuit son action auprès de l’ONU en servant d’interprète pour les réfugiés, s’occupe des sans-abris et des familles défavorisées à Kaboul et collabore avec la Croix Rouge internationale. Travaillant également avec les Forces de la coalition dans le cadre de la formation de l’armée afghane, il développe un « Programme d’alphabétisation » avec la coopération des médias afghans et internationaux. Il créé en 2014 un quotidien « Bazaar » et fait partie de l’association des journalistes afghans.
Les menaces des talibans
Alors qu’il part en reportage dans sa ville natale à Wardak, il se fait arrêter par les talibans, des intégristes musulmans qui ont été au pouvoir de 1996 à 2001 et qui contrôlent encore de nombreuses provinces ; Mortaza ne parlant pas la même langue ne se fait pas comprendre et se fait menacer de mort. Il se fait enlever tous ses effets personnels et notamment ses appareils photos contenant des centaines de photos qu’il avait prises lors des reportages et dans ses activités avec les occidentaux. Mais si les talibans avaient découvert que Mortaza avait des contacts fréquents avec l’ambassade de France, il aurait même pu être exécuté ; les talibans n’acceptent pas le fait qu’on puisse publier dans des journaux des éléments qui pourrait critiquer leur politique ou la manière dont ils veulent s’imposer dans leur pays …
Un refuge : la maison des journalistes à Paris
Relâché, Mortaza Behboudi s’enfuit, d’abord en Iran rejoindre sa famille, puis ne pouvant y rester car il a renoncé au statut de réfugié et n’osant plus rentrer à Kaboul par crainte des talibans, il demande un visa pour entrer en France avec le statut de réfugié politique. Il arrive en France en avril 2015 et est accueilli à la maison des journalistes (dite MDJ de Paris). Seul, ne parlant pas le français, il y trouve quand même réconfort et sécurité auprès d’autres journalistes refugiés de plusieurs autres nationalités dans le même cas que lui.
Un combat pour la liberté
En ce moment, il continue de se battre pour la liberté d’expression dans le monde mais surtout dans son pays car en Afghanistan la liberté d’expression est très limitée : les journalistes ne peuvent pas tout dire, ils ne peuvent pas critiquer les dirigeants politiques. Il n’y a pas de liberté d’opinion et lors des dernières élections, deux candidats ont même revendiqué la victoire…la démocratie ne fonctionne pas et Mortaza Behboudi veut retourner en Afghanistan pour aider son pays à progresser.
Dans l’immédiat, il veut poursuivre ses études en France, continuer son travail de journaliste et de photographe : il écrit ainsi pour le site « Médiapart » et a notamment couvert toute la COP21 en décembre dernier au Bourget. Mortaza veut parfaire son français et convaincu que l’avenir de son pays passe par l’intervention de la communauté internationale, par l’aide des occidentaux, il espère revenir travailler pour l’ONU à Kaboul pour faire en sorte qu’un jour les droits de l’Homme soient respectés en Afghanistan.
Margaux Vilain
