Des îles sous les eaux ?
Paradisiaques n’est-ce pas ? Malheureusement ces îles risquent de ne pas le rester ! Un phénomène qui prend de l’ampleur peut dévaster complètement ces archipels…
C’est vrai : les îles du Kiribati situées près de l’Australie, à 3 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, sont inquiètes !
Devant le risque d’engloutissement total de leur lieu de vie, leur président a annoncé que son pays étudiait comment déplacer ses 100 000 habitants. Mais avec le déplacement inéluctable des populations, le gouvernement craint la disparition totale de son patrimoine et de sa culture. Pour lui, le processus de déplacement des populations est en marche, même s’il n’est pas accepté par les Océaniens.
Les habitants des îles du Pacifique ne sont pas les seuls touchés ; les îles de l’Océan Indien sont aussi menacées comme les Maldives, (au total 1192 îles) dont le président a organisé un conseil des ministres sous l’eau en octobre 2009 pour alarmer les autres pays sur la montée des eaux.
Célèbres îles tropicales, les Maldives, risquent de disparaître au vu du réchauffement climatique. Comme 80% du pays est seulement à 1 mètre au-dessus du niveau de la mer, l’augmentation continue du niveau des océans est une menace quotidienne. Avec une élévation du niveau de la mer d’environ 3mm/an, les Maldives risquent de disparaître avant la fin du 21ème siècle… et encore s’il n’y a pas d’accélération du phénomène.
Quant à l’île de Komodo, en Indonésie, c’est d’ici quelques décennies seulement qu’elle pourrait finir sous la surface de l’eau si le réchauffement climatique continue de s’amplifier. Celui-ci s’accompagne d’une teneur en C02 qui augmente dans l’océan ce qui provoque un phénomène d’acidification* ; or, cela a d’énormes conséquences sur la biodiversité et cela pourrait notamment ainsi tuer tous les coraux autour de cette île. La disparition de ces récifs coralliens ne pourrait qu’accentuer le phénomène d’érosion des côtes et contribuer aussi à la montée des eaux.
Ces îles sont bien les premières à être touchées par cette montée des eaux : elles sont donc pour nous une sorte de témoin et de dispositif d’alerte.
Une montée des eaux que l’on peut expliquer…
Le niveau des océans constaté autour de ces îles est en constante augmentation à cause de la fonte des glaces polaires mais aussi de la fonte des glaciers continentaux. Selon le dernier rapport du GIEC (Groupe International des Experts sur le Climat) publié à l’automne 2014, l’homme a été responsable de plus du tiers de la fonte des glaces entre 1991 et 2010 : le niveau de la mer a augmenté de 19 cm depuis la fin du XIXe siècle ! Et certains modèles prévisionnels estiment possible une hausse d’environ 1 mètre du niveau de la mer d’ici 2100.
Peut-on agir ?
Si la question du réchauffement climatique est un enjeu mondial qui concerne tous les pays, dans ces îles, on tente de réagir : certains veulent construire des digues mais cela coûte très cher et semble une solution parfois très provisoire. A Nauru, au nord de Tuvalu, les 10.000 habitants veulent ainsi reconstruire les lignes de côtes qui ont été perdues. « On les redessine, et on bâtit aussi des digues, tout ce qui peut permettre de nous protéger », explique son président, Baron Waqa.
Certains gouvernements insulaires passent des contrats avec des états voisins pour trouver de nouvelles maisons aux réfugiés qui ont subi des inondations.
Surtout, les chefs d’État des différentes îles demandent aux nations industrialisées des efforts environnementaux, mais aussi des aides pour préserver ce qui est menacé, voire réparer ce qui est déjà détruit.
Tous ces gouvernements hésitent en fait entre deux attitudes : résister sans savoir si cela est encore possible ou se déplacer, c’est à dire renoncer et abandonner les lieux.
Cette question est bien au centre des discussions prévues par la prochaine conférence mondiale sur le climat à Paris en décembre 2015 ; ce sera sans doute l’une des dernières chances pour les Océaniens d’assurer les conditions de leur survie.
Lilian Bodin
*L’acidification risque de détruire jusqu’à 70% des organismes calcaires marin d’ici 2100, et cela aura des impacts très importants sur les éco systèmes du monde.
Pour en savoir plus : retrouvez un schéma de la montée des eaux dans le numéro 429 page 98 du magazine Géo paru en novembre 2014.