Le dimanche 23 octobre 2011 à Auckland, dans l’Eden Park, l’équipe de Nouvelle Zélande remporte la coupe du monde de rugby. Dans le stade, des Maoris, des Polynésiens, des Micronésiens, et « des Européens » soutiennent leur équipe comme un seul homme. Comment un peuple qui autrefois se déchirait, ne fait plus qu’un aujourd’hui, derrière une seule et même équipe, ses « Blacks » ?
Le Haka des all black’s a été emprunté aux maoris |
Une île peuplée de maoris et de polynésiens
Lorsque James Cook, navigateur anglais, arrive en Nouvelle Zélande en 1788, l’île est peuplée de Maoris et de Polynésiens. Les maladies d’origine européenne apportées par les Anglais en ont tué des milliers parce que leur système immunitaire n’y était pas préparé. Des combats sanglants qui ont opposé les colons aux Maoris ont aussi provoqué de nombreux morts. Pendant 40 ans, les inégalités sont restées énormes entre colons et Maoris jusqu’en 1840 où une loi pour l’égalité est votée. Cette loi n’a toutefois pas changé totalement les mentalités et, encore aujourd’hui, en général, les Maoris souffrent par exemple davantage du chômage que les descendants de colons européens …
Le rugby amené par les britanniques
Les soldats de l’armée Royale britannique qui ont amené le rugby avec eux se mettent très vite à le pratiquer, dés leur installation dans les îles océaniques. Alors qu’en Angleterre, le rugby n’était pratiqué que dans l’armée ou dans les écoles privées et qu’il était réservé à l’élite anglaise, ce sport d’aristocrates a évolué sur place. En Nouvelle Zélande, le rugby s’est démocratisé beaucoup plus vite car il a connu d’emblée un grand succès et toutes les couches sociales l’ont adopté. Ce succès est aussi dû au fait que la Nouvelle Zélande est une petite île, sur un territoire fermé et que tout le monde se mélange beaucoup plus facilement. Cela a facilité la transmission de ce sport. Le rugby se pratique tant dans les écoles privées que dans les écoles publiques. Les Maoris et les Polynésiens n’ont d’ailleurs jamais rechigné à pratiquer ce sport qui peut mettre en valeur leurs énormes capacités physiques. Que l’on soit maori, blanc, asiatique, pauvre ou riche on peut jouer au rugby car on y oublie les difficultés de la vie. Le rugby est le principal fondement du lien social.
Une pratique dès le plus jeune âge
En Nouvelle Zélande, les enfants commencent à pratiquer le rugby dès leur plus jeune âge. Dans chaque école, on apprend aux jeunes à jouer au rugby et chaque enfant essaie d’imiter les idoles de l’équipe nationale. Car ce sport est tellement inscrit dans la culture de la Nouvelle Zélande, que de nos jours, le mot rugby est souvent synonyme de Nouvelle Zélande. Chaque ville ou village a son club que l’on vient supporter le dimanche. Aujourd’hui le pays compte plus de 150 000 licenciés pour 4 millions d’habitants (en comparaison la France compte 262 000 licenciées pour 65 millions d’habitants). Que l’on soit maori, blanc, asiatique on peut jouer au rugby car on y oublie les difficultés de la vie pauvre ou riche. Le rugby est le principal fondement du lien social.
Sur l’île du kiwi, le rugby intègre des apports différents, entre les « Européens » qui ont importé le rugby et les Maoris qui lui ont donné le « haka » exécuté avant chaque match de l’équipe nationale. A l’origine, le Haka était une danse rituelle du peuple maori qui était exécutée avant de partir à la guerre. Chaque tribu avait son propre haka et le célèbre « ka mate ka mate », emprunté par l’équipe nationale à l’une d’elles, a coûté 180 millions de dollars néo-zélandais à la fédération de rugby néo-zélandaise qui a dédommagé la tribu. Aujourd’hui c’est un rite de début de match, à but provocateur : les « Blacks » l’exécutent pour faire peur à l’adversaire.
Ilias El Ghazali