Au secours, l’Amazonie va disparaitre !

Alors que le monde regarde ailleurs, ces deux dernières années de crise sanitaire n’ont pas marqué de pause dans la déforestation. La forêt amazonienne avec son incroyable flore, celle que l’on désigne comme le poumon de la Terre en raison de l’énorme quantité de CO2 qu’elle absorbe chaque année et d’oxygène qu’elle rejette, est aujourd’hui réellement menacée. Pour l’Amazonie, 2020 a été la pire année de déforestation depuis 12 ans : plus de 11 000 km² ont été brulés, ce qui représente presque 10% de plus par rapport à 2019.

Un rapport publié en novembre 2021 évalue qu’en une seule année, il y eu une hausse de 22% du déboisement. Et depuis 3 ans, le mouvement s’accélère : au Brésil, c’est 10 000km² qui partent en fumée chaque année en moyenne alors que dans la décennie précédente c’était 6 500 km² par an.

Mais le Brésil n’est pas le seul concerné : l’Équateur est actuellement celui qui en proportion défriche le plus et on estime qu’en 2070, il n’aura plus de forêt primaire. Comment en est-on arrivé là ?

Aux origines du problème

La déforestation est principalement destinée à la mise en place de grandes cultures intensives de Soja au Brésil (photo Pixabay, libre de droits)

La déforestation est principalement destinée à la mise en place de grandes cultures intensives de Soja au Brésil (photo Pixabay, libre de droits)

Des millions d’arbres sont détruits par des incendies ou des abattages. Bien qu’elle soit une forêt primaire, l’Amazonie est très exploitée afin de fournir de la matière première à l’industrie du bois du monde entier. Le rapport de Greenpeace en 2018 recense 37 compagnies américaines, mais aussi des entreprises françaises, portugaises, belges pour l’exportation de bois exotiques pour fabriquer des meubles… Et certains pays en profitent pour faire du trafic illégal.

Une grande partie des zones qui sont déboisées seront ensuite destinées à l’élevage de bétail afin de satisfaire les besoins alimentaires croissants au niveau mondial : c’est soit directement la mise en place de gigantesques enclos, soit indirectement, la culture intensive du soja sur de très grandes superficies afin de fournir à l’élevage industriel de très grandes quantités de nourriture

Nous avons pu rencontrer une citoyenne brésilienne, très impliquée dans la vie politique de son pays, qui souhaite rester anonyme, tant le sujet est politiquement délicat actuellement. Elle nous a raconté comment des industriels s’approprient des terrains de façon illégale sous prétexte de faire de l’élevage bovin, avec l’approbation tacite du président Bolsonaro.  Le Brésil est un pays dont l’économie est centrée sur le secteur primaire et la production de matières premières. L’agriculture est donc le principal secteur et fournit des emplois nombreux aux travailleurs de la région. Il s’agit de répondre ainsi à la forte demande de produits alimentaires bon marché, consommés dans le monde entier, ce qui nécessite la présence, dans les zones défrichées, de plus de champs cultivés notamment en soja et en huile de palme.

Une des autres causes de la déforestation de l’Amazonie est la construction d’infrastructures pour l’habitat ou la construction d’autoroutes afin de relier les lieux de production et de consommation.

Des impacts indéniables sur le changement climatique

Avant 2020, la forêt amazonienne était l’un des principaux puits de carbone du monde. Mais, selon une étude scientifique publiée en juillet dernier, depuis l’année dernière, sous l’effet de la déforestation et des feux, le poumon de la planète émet plus de CO2 qu’elle n’en absorbe. Cette déforestation massive a bien sa part de responsabilité dans les impacts négatifs du changement climatique à travers le monde. La forêt amazonienne contribue normalement à compenser les émissions de CO2 que l’homme produit en excès. En effet, les arbres stockent du CO2 tout au long de leur vie et, quand ils sont détruits, on réduit la capacité de l’écosystème mondial à stocker ce CO2. Moins d’arbres, donc moins de CO2 absorbé, c’est donc plus d’effet de serre. Ainsi, on estime que la déforestation est responsable à l’échelle mondiale de l’équivalent de 11,3% des émissions de CO2 d’origine anthropique, ce qui en fait l’un des plus gros facteurs de réchauffement climatique, à peu près à égalité avec le transport routier et la consommation énergétique des bâtiments.

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10000 km² de ce poumon vert qu’est l’Amazonie partent en fumée chaque année (photo Pixabay libre de droits)

Les experts jugent que les émissions attribuables à la déforestation sous l’actuelle administration brésilienne causeront plus de 180 000 décès supplémentaires dans le monde d’ici la fin du siècle.

De plus, c’est la destruction d’un des patrimoines naturels les plus importants de la planète qui s’étend sur neuf pays.  Notre responsabilité devrait être de le conserver pour les générations futures. Quand l’Amazonie disparait, avec elle, c‘est la destruction de la biodiversité qui s’y trouve et donc de plus en plus d’espèces (animales et végétales) menacées d’extinction, et cela met en péril la biodiversité de la biosphère dans son ensemble.

Enfin, la déforestation de l’Amazonie suppose aussi une destruction de l’habitat naturel de communautés humaines qui ont vécu en harmonie avec la nature, dans la forêt, durant des milliers d’années. Les tribus indigènes de l’Amazonie voient leur espace vital réduit de plus en plus et, dans de nombreux cas, elles sont obligées à vivre dans des réserves contrôlées et administrées par les gouvernements locaux qui, malheureusement, ne respectent pas toujours leur droit fondamental à vivre comme elles le souhaitent.

Mais tout n’est pas perdu

Au Brésil d’abord, où, même si les impératifs économiques sont très présents, les citoyens sont de plus en plus nombreux à avoir un regard critique contre la politique de déforestation du gouvernement actuel. Notre interlocutrice nous rapporte des manifestations de plus en plus fréquentes dans la capitale Brasilia.

Et puis il y a aujourd’hui des techniques alternatives pour rendre possible un développement économique sur place sans déforestation. Isadora Sanchez, brésilienne d’origine, installée à Cambrai, nous raconte comment l’agroforesterie peut se développer permettant aux paysans de produire des récoltes maraichères sans toucher aux arbres. On leur permet de générer un revenu tout en évitant de détruire cette forêt si précieuse.

Nous sommes en fait tous concernés par le problème parce que nos achats peuvent parfois encourager la déforestation en Amazonie. Encourager l’économie circulaire et responsable, réutiliser le bois, recycler le papier, favoriser l’usage du bois local, refuser d’acheter de l’huile de palme, tout cela c’est moins d’encouragement au déboisement.  L’ONG WWF travaille avec des entreprises françaises influentes sur le marché pour faire évoluer leur politique d’achat et pour améliorer leur chaines d’approvisionnements en évitant soja ou huile de palme par exemple issus de la déforestation. De même, si nous faisions diminuer la consommation de viande au niveau mondial, la demande en soja pourrait ralentir…Alors le steak, cela pourrait être une fois par semaine ?

 

Fabio Mazzuco de Matos

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