Métempsycose dans une poubelle

Bonjour à tous ! Je m’appelle Colette, et devinez qui je suis…

Je fais 33 cl, je suis fine et transparente, enfin je me trouve pas mal. Mais bon j’ai espoir que, dans ma prochaine vie, je serai encore mieux… Je suis une petite bouteille d’eau en plastique jetée par un élève du lycée Paul Duez à Cambrai. Et mon message aujourd’hui, c’est de vous faire comprendre que le tri des déchets c’est important, essentiel, vital ! Et pourquoi ? Parce que la nature ne sait éliminer que ce qu’elle produit, pas ce que l’homme produit comme le verre, le plastique. Et si ces déchets sont abandonnés dans la nature, cela pollue notre environnement ! Et puis moi, si on ne me recycle pas, pas de métempsycose*en vue…

Parce que, pour tout vous dire, ma vie dans la poubelle de notre lycée n’est pas tout à fait amusante. Avant, j’avais connu la vie en famille, avec mes cinq sœurs, dans un rayon de grande surface, puis l’arrière cuisine d’une maison en brique…

 

 

Après la balade dans un sac à main, pendant au moins une semaine j’ai rencontré plein de monde.  Qu’est-ce qu’on rigolait ! Ici, dans ma poubelle jaune, je me sens un peu seule et je m’ennuie. Nous ne sommes que deux ou trois de la famille, et encore ce sont des cousines éloignées dont l’une est toute verte…quel manque de chic ! Mais bon, elle est sympa. On aperçoit quelques autres membres de la famille abandonnés dans la cour, trop souvent laissés par terre : pire, ma sœur Perrette a été envoyée dans la poubelle des déchets non recyclables ! Et je suis d’autant plus dépitée que dans notre poubelle jaune, il y a encore de la place… Et puis, parfois, des gros balourds comme des trognons de pommes qui sentent mauvais viennent faire un tour. Résultat c’est la guerre entre nous parce qu’eux, ils ne doivent pas atterrir dans la poubelle jaune !

Enfin, pour nous, c’est bientôt l’heure du grand voyage ! De gros camions de poubelles viennent nous chercher pour nous emmener dans un centre de tri. J’ai cru entendre les éboueurs parler entre eux du centre de tri d’Anzin, à une quarantaine de kilomètres d’ici. Et nous sommes mélangés avec pleins d’autres rebuts, c’est le côté désagréable de mon voyage : on est tout serrés et on côtoie des déchets peu fréquentables dont l’odeur n’est pas toujours des meilleures.

 

Destination atteinte, la nouvelle aventure commence ! On pèse notre camion pour connaître la quantité de déchets réceptionnés. Ensuite, on s’installe sur le quai de déchargement et nous sommes versés dans une fosse de réception. Bon, ça c’est le côté amusant de l’accueil puisqu’on fait enfin un peu d’exercice.

Dans la fosse, une tractopelle nous pousse sur un tapis d’alimentation qui nous remonte vers la chaîne de tri automatique. En haut du tapis, de gros aimants aspirent mes compagnons contenant du fer, comme Adèle, ma copine la boite de conserve avec qui j’ai fait le chemin… Elle sera ensuite transportée vers une société de recyclage. Il ne reste alors plus que nous : les papiers, cartons, flacons, bouteilles en plastique, canettes en aluminium… Nous tombons sur une table. Ouille. Ensuite, un tamis retient les déchets légers comme Gaston le carton et laisse passer les déchets plus lourds et plus gros : moi !  D’autres gros déchets non recyclables, qui se seraient inopinément glissés parmi nous, sont enlevés manu militari, ils glissent et tombent sur un autre tapis également vers la chaîne de tri manuel. Pour eux, pas de métempsycose à l’horizon, ils sont irrémédiablement condamnés à mort et seront incinérés.

De notre côté, ainsi triés, nous sommes jetés dans des alvéoles à plastique. Je rencontre ainsi de nouvelles amies, comme Huguette, une grande deux litres qui parle tout le temps ! Elle m’explique que pour prévenir des odeurs désagréables, l’air est aspiré en permanence par un ventilateur. Avec les papiers, plastiques, briques alimentaires et canettes en aluminium, nous sommes transférés vers une presse à balle pour y être comprimés sous forme de cubes appelés balles. J’ai peur d’avoir mal, mais Huguette me rassure encore, rien de douloureux.

Nouveau départ vers un centre de recyclage. J’ai de l’appréhension, j’ai peur de ma nouvelle apparence ! Je suis une bouteille transparente en PET (Polyéthylène Téréphtalate), je passe d’abord dans un tamis. Je suis secouée afin d’enlever les petits déchets et de la vapeur m’est injectée dans le cocotier pour décoller les étiquettes. Puis mon corps et mon bouchon sont broyés en paillettes qui sont lavées pour enlever la colle. Placées dans l’eau elles vont se séparer en deux types de plastique : le PEHD va flotter (paillettes de mon bouchon) et le PET va couler (paillettes de mon corps). Elles sont ensuite pressées et séchées, puis seront ensuite transformées par des sociétés spécialisées : en nouvelles bouteilles, en fibres polyester pour la fabrication de tissus, moquettes, polaires, ou en ouate pour rembourrer des anoraks, couettes, oreillers…

Et me revoilà ! Je suis en pull hyper mode porté par une élève de terminale au Lycée Paul Duez ! Nous sommes toutes les deux très fières de mon allure ! J’ai beaucoup apprécié mon aventure et je souhaite à toutes de suivre le même chemin ! Alors n’hésitez plus, triez ! Et choisissez la bonne poubelle !

Marie Pouillaude

 

* métempsycose : réincarnation sous une autre forme…

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