Les SDF, toujours d’actualité

Les SDF, toujours d’actualité…

 

Aujourd’hui, d’après l’INSEE, 143 000 personnes sont sans-domicile fixe en France et beaucoup d’entre elles souffrent de très mauvaises conditions de vie, voire de survie : froid, faim, accident, agressions, suicides… Peut-on l’accepter ici, dans la 6ème puissance économique mondiale ?

 Les sans domicile fixe sont des personnes qui vivent et dorment dans des lieux non prévus pour l’habitation tels que les parkings, les voitures, les entrepôts et parties communes d’un immeuble d’habitation, les chantiers, le métro : ils errent habituellement dans la rue ou l’espace public et sont parfois hébergés, de façon temporaire, dans des hébergements d’urgence, des foyers d’accueil.

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Des conditions de vie effroyables

Les SDF ont des conditions de vie effroyables : forte chaleur l’été, températures beaucoup plus basses l’hiver, manque de nourriture, manque d’accès à l’hygiène…De plus, certains élus ne leur facilitent pas le quotidien en installant des dispositifs anti-sdf ; il s’agit par exemple de mobiliers urbains qui ont pour but de rendre inconfortable l’occupation prolongée d’un espace. Par exemple, la forte inclinaison d’un banc public ou l’individualisation des assises au détriment des bancs ce qui rend plus difficile l’accès et une place pouvant servir d’endroit de repos pour les SDF.

Cette vie éprouvante peut alors avoir des conséquences très rapides sur leur santé. Maladie (grippe, tuberculose…), manque de nourriture et maladies de carences, froid extrême en hiver, chaleur éprouvante en été… Certains ne le supportent pas et vont alors noyer leur peine dans l’alcool, la drogue ; d’autres iront jusqu’au suicide et chaque année, on retrouve des SDF qui meurent dans la rue.  Ainsi en 2017, 403 sans-abris sont décédés en France. Les hommes peuvent alors mourir vers 49 ans, en moyenne, soit près de 30 ans plus tôt que la population masculine en France, et les femmes meurent plus jeunes aussi, 46,5 ans, en moyenne.  La majorité des décès se passe pendant les mois d’hiver.

Les femmes représentent 40% des personnes SDF (selon l’INSEE). Même si beaucoup plus d’hommes se retrouvent dans cette situation difficile, être une femme SDF est aussi très pénible et dangereux. En effet, elles doivent perdre de leur féminité et de leur personnalité pour éviter de subir les plus dures lois et épreuves de la rue. Entre les viols, le racket, et le harcèlement, difficile de faire confiance mais mieux vaut ne jamais être seule dans cette situation pour pouvoir survivre dans des conditions de vie qui sont des plus compliquées.

Comment sont-ils devenus SDF ?

La raison la plus fréquente rencontrée dans ce domaine est la rupture amoureuse qui mène alors à un isolement et à un comportement se dégradant. La perte d’un emploi peut aussi mener à un mode de vie complexe contribuant bien souvent à la perte du logement. Et enfin, la troisième raison qui peut amener quelqu’un dans la rue est l’isolement avec sa famille et le milieu social en général. En effet, couper tout lien consiste à vivre indépendamment et trouver de quoi vivre tout seul ce qui est parfois trop difficile à supporter.

Les SDF peuvent être des jeunes, des familles, mais aussi des actifs qui n’ont pas les moyens d’accéder à un logement. Etre sans logement ne signifie pas en effet être sans ressources car il existe de nombreux SDF qui ont un emploi. Selon l’INSEE, la pauvreté en France concerne tous les ménages dont le revenu est inférieur à 50% du revenu français médian (seuil de pauvreté).  Cela reviendrait à   considérer qu’un 1 français sur 7 serait sous ce seuil de pauvreté ce qui, potentiellement, peut aboutir à la rue.

Que faire pour les aider ?

Pour les aider, il faudrait dans un premier temps les voir comme de vraies personnes. Ils sont eux aussi des êtres humains comme nous, peut-être avec plus de problèmes financiers et sociaux mais ils restent des humains avant tout.

Nous pouvons ensuite les aider en participant à des œuvres caritatives ou en aidant des associations qui collectent des vêtements ou de la nourriture. Nous sommes ainsi allés à la rencontre de deux associations cambrésiennes qui tentent de leur apporter de l’aide.

Nous avons d’abord rencontré Marie-Paule Ramette, responsable du centre cambrésien des Restos du cœur situé avenue de Dunkerque. A Cambrai, ce sont en 2017, 2000 bénéficiaires qui ont pu être accueillis et sur la période de novembre à mi-janvier, environ 1400 personnes, le tout par 75 bénévoles en alternance : « Ils s’occupent d’emballer les denrées et de préparer les étals avant l’ouverture. Ils tiennent aussi une cafétéria où ils proposent des viennoiseries et du café. Les mercredis et jeudis, ils servent aussi une soupe fraîche pour les personnes sans-abri ».

Mme Ramette nous a expliqué quels étaient les critères pour devenir bénéficiaire et ce que les Restos pouvaient proposer : « Nous regardons, par rapport à un barème établi sur les revenus de la personne, si elle a réellement besoin d’intégrer les Restos. Lorsque l’on est inscrit, on peut donc bénéficier de denrées alimentaires, de vêtements, de produits d’hygiène, mais aussi de l’accès à la cafétéria, à la bibliothèque installée sur place et au coiffeur qui vient chaque lundi après-midi. Si l’un de nos bénéficiaires a un enfant, ce dernier peut faire partie des Bébés du Cœur jusqu’à un an. »

Notre enquête nous mena aussi à Fontaine Notre Dame près de Cambrai où nous avons découvert le rôle d’Emmaüs, l’association créée par l’Abbé Pierre en 1954. C’est Thérèse Delassus (photo ci-contre) retraitée devenue bénévole il y a 8 ans, qui nous expliqué son engagement : « J’ai accepté de tenir la caisse au magasin une fois par semaine le jeudi après-midi car je connaissais l’association depuis plus de vingt ans pour y avoir été chaque année, avec les jeunes de l’aumônerie, pour y effectuer deux jours de travail avec la communauté. »

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La communauté, c’est en effet à Fontaine Notre Dame, « une quarantaine d’hommes hébergés, pour un temps limité ou pour de longues périodes » et qui doivent « travailler dans la mesure de leur compétence : soit à la récupération chez les divers donateurs, soit à la vente, soit aux travaux d’amélioration de la communauté, à la cuisine… ». Emmaüs permet ainsi à des personnes en difficulté de se réinsérer autour de la récupération, le recyclage d’encombrants, d’objets récupérés chez les particuliers.  L’objectif d’Emmaüs est que la communauté serve de tremplin vers une réinsertion dans la vie (logement, travail) et Thérèse nous l’affirme, « pour le directeur c’est une victoire quand un compagnon trouve du travail et se reprend en main. »

Des initiatives qui nous ont rendus admiratifs mais à notre échelle, notre rôle c’est peut-être aussi simplement d’en parler, de dénoncer cette situation, d’interpeller nos élus pour qu’on lutte plus efficacement contre la pauvreté, pour qu’on partage davantage les richesses, pour qu’on donne à ces personnes une chance de s’en sortir.

Essayons au moins de leur donner un peu de notre temps pour les aider et leur redonner le sourire.

 

Emma Podevin, Diana Lami, Lila Delattre, Elise Krier, Flavien Delvaux, Sasha

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