Et si on jetait moins

Et si on jetait moins ?

 

Chaque année, la quantité de déchets produite en France ne fait qu’augmenter : ainsi en 2016, les Français ont mis au rebut quelque 800 millions de tonnes de détritus, soit plus de 25 tonnes par seconde ! Comment en sommes-nous arrivés là ?

Chaque année, chaque personne jette environ 76 kg d’objets.

En France, 21 kg d’objets électriques sont jetés, ce qui est déjà une belle quantité, mais il faut encore ajouter 55 kg d’encombrants pour aboutir à la quantité totale de déchets que l’on jette. Le bilan est lourd : chaque Français jette donc en moyenne 76 kg d’objets et cela est encore pire dans la Communauté d’Agglomération de Cambrai où l’on jette, selon le même calcul, quelque 90 kg d’objets alors que dans le monde, les chiffres sont meilleurs pour les déchets électriques, de l’ordre de seulement 6.1 kg par habitant ( mais c’est aussi parce que malheureusement une grande partie du Monde est en retard de développement et sous équipée).

 42 millions de tonnes de pneus. 

A cela, il faut ajouter des déchets générés par notre mode de vie : le développement de la circulation automobile individuelle aboutit par exemple à une quantité astronomique de pneus usés. 42 millions de pneus, c’est la quantité de pneus arrivant en fin de vie chaque année !!! Si beaucoup arrivent dans des décharges publiques et sont recyclés, trop finissent dans la nature ou brûlés, provoquant une énorme pollution atmosphérique puisqu’ils sont composés à 25% de caoutchouc synthétique et à 14% d’autres produits, tous issus du pétrole.

Et nos téléphones portables ?

Une fois de plus, nos modes de vie en sont responsables : fin 2017, on estime à 70 millions le nombre de cartes Sim en France, soit quasiment autant de téléphones portables, avec un renouvellement moyen aux alentours de 21 mois et même de 10 mois pour les adolescents. Pourquoi les changer si vite ? Que deviennent tous ces smartphones contenants entre autres des métaux précieux ? On sait que 1,5 million sont collectés pour être recyclés, mais nombreux sont ceux qui finissent au fond d’un tiroir, ou pire, dans la nature.

 Quelle fin de vie pour ces objets ?

Dans le meilleur des cas, les déchets électriques électroniques sont emmenés dans des centres de traitement spécialisés où on les trie en différentes catégories. Ensuite ils sont démantelés et on retire les produits chimiques nocifs qu’ils contiennent. Les matières, une fois séparées, sont ensuite recyclées (notamment refondues) pour fabriquer de nouveaux objets. L’ensemble de ce processus est efficace car l’on perd peu ou pas de matière mais il est néanmoins énergivore.

Pour les objets non électriques, ils sont considérés comme des encombrants. Ils sont emmenés, pour la majorité, vers des centres d’incinération ; le reste est enfoui sous terre. L’incinération permet de récupérer de l’énergie mais elle rejette beaucoup de dioxyde de carbone. L’enfouissement pose plus de problèmes car les jus pollués viennent se mélanger à l’eau de pluie et polluent les eaux souterraines ou les eaux de surface. Ces ruissellements peuvent être porteurs de produits chimiques nocifs, voire cancérigènes, pour l’environnement et la santé. Ces déchets produisent également du carbone et du méthane (gaz à effet de serre). Jeter tous ces déchets contribue également à l’épuisement des ressources : c’est pour cette raison qu’il faut au maximum recycler puisque cela permet de récupérer des matières premières.

 L’obsolescence programmée, un facteur aggravant

Un des principaux facteurs qui pousse les consommateurs à jeter est l’obsolescence programmée. Il s’agit d’une stratégie commerciale qui vise à pousser les consommateurs à remplacer leurs biens par de nouveaux. Son principe est simple :  les industriels produisent des produits ayant des failles, qu’elles soient matérielles ou logicielles : l’objet tombe en panne ou perd toutes ses performances et le consommateur en achète un nouveau. Prenons l’exemple d’une imprimante. Au bout d’un certain nombre de copies effectuées, elle s’arrête de fonctionner. Un message d’erreur apparaît et le propriétaire de l’imprimante ne peut plus l’utiliser. Il en rachète donc une nouvelle, celle-ci étant difficilement réparable. Et que dire de ces ordinateurs ou smartphones qui ralentissent au fur à mesure du temps et des mises à jour ?  Le but est de nous obliger à acheter le tout dernier produit.

 Et si l’on faisait autrement ?

Une grande sensibilisation auprès de la population est nécessaire : les enjeux sont importants pour notre environnement et il va donc falloir que l’on change notre façon de consommer :  conservons plus longtemps nos objets, même s’ils ne sont pas du dernier cri… poussons les fabricants à proposer des produits plus durables… développons dans notre pays les filières de réparations (que d’emplois potentiels !) ou de recyclage pour limiter l’épuisement des ressources. Les choses bougent et même dans le Cambrésis, quelques initiatives méritent d’être encouragées… par exemple celle de la ressourcerie associative « Le Hangar » à Avesnes les Aubert.

Alors pourquoi ne pas agir maintenant ?

 Maxime Clements Eva Delot

 

Nous avons interviewé Chantal Copin-Dagneaux, qui travaille à la ressourcerie LE HANGAR, créée fin 2013 et qui est un des trois ateliers d’insertion de l’association ACTION d’Avesnes-les-Aubert, qui a pour but de réinsérer des personnes dans la vie professionnelle depuis 1984.

D’où viennent les objets que vous traitez ?

1JRE2018
Chantal Copin-Dagneaux nous a présenté la ressourcerie le Hangar créée fin 2013

Nous allons dans les déchetteries et nous récupérons les objets réutilisables avant qu’ils ne soient mis à la benne. Toute personne voulant se débarrasser d’objets en bon état peut aussi nous les amener, ce sont des dons spontanés. On vide parfois également des logements. Nous pesons tous les déchets collectés car le tonnage de déchets que nous récupérons permet au SIAVED (organisme gérant les déchèteries) de nous financer grâce aux économies qu’ils réalisent, les déchets que nous prenons n’ayant pas à être traités.

Avec quelles déchetteries travaillez-vous ?

Nous travaillons avec des déchetteries de Saint-Aubert, de Caudry, de Beauvois et de Le Cateau.

Que faites-vous à la ressourcerie ?

On récupère des objets, on vérifie leur bon état et on les nettoie. Nous sommes exigeants sur la qualité et sur la sécurité, les éventuels légers défauts sont notifiés. On les revend ensuite sur place.

Comment vous faites-vous connaître ?

Cela se fait surtout par le bouche à oreille mais aussi avec des tracts. Depuis peu, nous postons également des photos de nos produits sur Facebook.

Qui sont les personnes qui travaillent ici ?

La grande majorité sont des contrats à durée déterminée d’insertion. Nous avons tous ici des parcours de vie un peu difficiles et cet emploi est pour nous l’occasion de nous réinsérer dans la société, de reprendre des habitudes de travail et d’acquérir une formation professionnelle.

Y a-t-il des bénévoles qui travaillent avec vous ?

Notre association est gérée par un conseil d’administration bénévole et nous-mêmes travaillons parfois bénévolement, au-delà de notre horaire légal, mais toujours sur la base du volontariat.

Quelles sortes d’objets récupérez-vous le plus souvent ?

Honnêtement c’est difficile à dire, c’est très variable, on a de tout. Ce qui marche beaucoup ce sont les jeux pour enfant, la vaisselle, les vélos surtout quand il fait beau.

Comment fixez-vous les prix ?

Nous avons des grilles où les prix sont listés en fonction des objets, nous utilisons également internet. Les prix sont très raisonnables et nous donnons même parfois lorsqu’une famille a tout perdu comme après un incendie.

Comment cette ressourcerie a t-elle vu le jour ?

Elle a été construite grâce à nos fonds, sans subventions. C’est un des ateliers d’insertion de l’association ACTION.

Quel est votre chiffre d’affaire ?

Environ 2,2 millions d’euros par an. Notre association ne vise pas les bénéfices, tout est réinvesti au fur et à mesure dans de nouvelles actions ou l’achat de nouveaux équipements comme un véhicule.

Quelles valeurs défendez-vous ?

Pour nous, il faut penser globalement mais agir localement, privilégier le bien commun et être solidaire. Notre économie est sociale. Notre association réinsère des personnes, leur permet de se remettre au travail tout en protégeant la planète. C’est vraiment du Développement Durable avec ses trois piliers : l’économie, la société et l’environnement.

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