Hockey ! Et maintenant on fait quoi ? 

 

Le Hockey sur Gazon compte en France 11 000 licenciés dans 135 clubs comme au CHC à Cambrai (Photo Séraphine Dellal)

Vous ne connaissez pas le hockey sur gazon ? Pourtant, on retrouve les premières traces de ce sport 2000 ans avant J-C et, à l’époque, il se rapprochait du criquet ; sa version moderne, développée dès 1850 en Angleterre, se joue par équipe de 11. L’objectif, c’est de marquer plus de buts que l’adversaire avec une crosse en bois ou en carbone, une balle en plastique creuse, sur un terrain de 55 x 91.40 mètres. Ce sport assez confidentiel, 180 fois moins de joueurs qu’au football, est quand même pratiqué par près de 11 000 licenciés dans 133 clubs en France. A Cambrai, nous avons un club assez dynamique et à l’heure où la question de la transition vers une société plus éco-responsable s’affirme, on se demande ce qu’on peut faire dans notre sport favori.

 

Le hockey, sport énergivore

Le terrain synthétique de notre club à Cambrai doit être arrosé (photo Eugénie Dellal)

C’est d’abord pour pouvoir éclairer les terrains que la consommation d’électricité est élevée ; les entrainements ayant souvent lieu le soir, on ne peut pas alors se passer de l’éclairage une bonne partie de l’année. Ensuite, un terrain de hockey consomme beaucoup d’eau, puisque synthétique, il doit être mouillé pour être praticable : il faut donc arroser le terrain toutes les deux heures, pour que les crampons accrochent et que la balle glisse mieux. Pour un terrain classique d’une superficie de 5 027 m² La consommation d’eau peut ainsi s’élever à plus de 200 000 litres d’eau par semaine, ce qui est considérable.

Mais le hockey nécessite aussi de longs déplacements : pour pouvoir rencontrer les autres équipes différents championnats sont organisés pour chaque catégorie, en fonction de l’âge. Ainsi, au Cambrai Hockey Club, il y a 13 championnats différents. Les tournois, organisés régulièrement dans différentes villes, ne sont pas toujours la solution la plus économe. Il nous est déjà arrivé d’aller jusqu’à La Baule, au sud de la Bretagne, pour finalement jouer contre Escaudœuvres petite ville limitrophe de Cambrai…Et ces championnats nécessitent des déplacements, le plus souvent en voiture. Pour équipe, c’est au moins 4 voitures…avec donc un coût en essence important et des émissions de CO2 non négligeables (12.5 kg de CO2 par voiture pour un trajet d’environ 50 km). Pour les trajets les plus longs, on prend le train mais parfois même l’avion lors de compétitions plus importantes.

 

Un sport à équipement 

De nombreuses protections sont nécessaires pour une gardienne de Hockey (photo Séraphine Dellal)

Côté équipement, il faut une crosse, le plus souvent en carbone, car plus légère, plus puissante et plus technique, qui est fabriquée majoritairement en Inde et en Australie et dont le prix peut varier entre 70 et 350 euros. Un joueur de hockey, qui joue avec des chaussures à crampons, doit aussi avoir des protections, comme des protège-tibias, la plupart du temps en plastique dur et peuvent mesurer jusqu’à 40 cm.  Sur la main gauche (puisque la crosse se tient obligatoirement à droite) il faut aussi un gant, constitué d’une coque de protection et de mousse. Parfois, on met aussi un protège-dent en silicone. Pour les gardiens, étant donné la puissance des tirs, il est nécessaire d’avoir des équipements renforcés : short rembourré, coquille protégeant les parties génitales, casque, guêtres et protège-coudes. Il faut aussi des vêtements de sport basiques (short, tee-shirt) souvent fabriqués en Chine, ce qui a un impact important sur la quantité de CO2 dégagée pour le transport.

Ainsi on peut dire que le hockey sur gazon n’est, pour l’instant, pas très compatible avec le développement durable ; mais il existe des solutions pour intégrer le hockey à cette démarche écologique et certaines sont même déjà mises en place.

 

Vers un hockey plus durable ?

Pour réduire la consommation d’eau, on peut simplement changer le type de terrain, en optant pour un terrain semi-sablé. Bien que moins évolué du point de vue technique (balle qui saute, risque de blessures plus élevé), il est plus écologique car il nécessite beaucoup moins d’eau mais il ne convient pas aux compétions pour l’instant.  C’est ce qui a été fait au Barnes Hockey Club, en Angleterre, et les joueurs sont satisfaits, même s’ils ont dû adapter leur mode de jeu.

Coté transport, on pourrait également modifier le calendrier, pour limiter au maximum les déplacements : ainsi lors des tournois, on pourrait envisager de faire jouer les équipes du nord ensemble, puis celles du sud, avant de réunir les vainqueurs.  

Pour les tenues vestimentaires, on pourrait acheter français, comme le Coq sportif, pour diminuer la quantité de CO2. Mais c’est impossible à ce jour pour le reste des équipements spécifiques comme nous le confirme Stéphane Drieux, propriétaire d’un magasin d’articles de hockey à Lille : « Il n’existe pas de marques françaises. A défaut, la plupart des marques comme Osaka, Princess, Brabo font des efforts au niveau des emballages… elles essayent de s’améliorer au niveau logistique pour réduire au maximum leur impact sur le réchauffement climatique. »

La Fédération Française de Hockey est bien consciente de ces enjeux écologiques puisqu’elle a mis en place des fiches pédagogiques afin d’éduquer les joueurs au développement durable. Elle a également rédigé une charte, en août 2022, lors de l’EuroWomen de Dunkerque s’engageant à protéger l’environnement, à limiter les déplacements lors des tournois et à favoriser les mobilités durables (50% en covoiturage bénévole, 30% via des mobilités douces pour éviter d’utiliser sa voiture quand on se rend au club).  Elle s’engage aussi à limiter, trier, valoriser et recycler les déchets (100% d’éco-cup, 100% de poubelles de tri sélectif) ou encore à proposer une offre d’alimentation écoresponsable et à lutter contre le gaspillage alimentaire.

Au CHC, la réflexion est déjà en place comme nous l’indique Georges Villain, président du club : » Oui bien sûr que des efforts sont faits : on réutilise l’eau d’arrosage, on éclaire seulement la moitié du terrain pour économiser l’énergie. Lors des manifestations, nous faisons appel à des commerçants de la région et nous achetons des produits locaux. On limite aussi les déchets, en utilisant des éco-cup réutilisables plutôt que des gobelets en plastique à usage unique. »

Le hockey sur gazon est un beau sport qui apprend les valeurs de la vie et du collectif. Mais malheureusement, il n’est pas encore à la pointe dans le domaine du développement durable ! Même si des solutions existent, il faudrait que tous les clubs les mettent en place. Respecter la planète en jouant au hockey, c’est possible parce que c’est une affaire collective qui nous engage toutes et tous ! Ok ?

 

Séraphine Dellal, Eugénie Fontaine et Domitille Gilson

 

 

Sources 

Michael. « La révolution durable du gazon dans le hockey ». Polytan, 6 novembre 2017, www.polytan.fr/actualites/communique-de-presse/la-revolution-durable-du-gazon-dans-le-hockey.

Paris 2024. « Hockey sur gazon aux Jeux de Paris 2024 » . Paris 2024, 6 mars 2023, www.paris2024.org/fr/sport/hockey-sur-gazon.

​« Fiches pédagogiques – Education à l’environnement en Hockey sur Gazon ». Génération 2024, generation.paris2024.org/ressources/fiches-pedagogiques-education-lenvironnement-en-hockey-sur-gazon.

Cdos, Webmaster. « Label « Développement durable, le sport s’engage® » ». Comité Départemental Olympique et Sportif des Hauts-de-Seine, www.cdos92.fr/Label-Developpement-durable-le-sport-s-engage_a395.html.

RSO. www.ffhockey.org/federation/toute-l-actualite/rso.html.

Hockey sur Gazon. www.ffhockey.org/hockey-sur-gazon.html.

Développement durable. www.ffhockey.org/federation/rso.html.

« Barnes HC passe d’un terrain mouillé à un terrain semi-sablé – Nouvelles | Lano Sports, artificial grass solutions » . Lano Sports, www.lanosports.com/fr/nouvelles/barnes-hc-passe-dun-terrain-mouille-a-un-terrain-semi-sable.

 

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