Je composte, tu compostes, il composte…

C’est au présent que nous sommes dorénavant obligés de conjuguer le verbe, comme l’ont bien compris les élèves de la petite ville de Proville dans le Nord. En effet, en France, le gouvernement vient de mettre en application le 1er janvier dernier la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) du 10 février 2020. Cette loi consiste à rendre obligatoire le compostage des déchets organiques. Si elle n’est pas respectée, on pourrait risquer une amende de 35€ même si, selon La Voix du Nord, cette amende ne s’adresserait pas tout de suite aux particuliers et correspondrait plutôt au tri des déchets en général.

Pourquoi une telle loi ? Parce que nous croulons sous les déchets. En France, par personne et par année, 80 kg de déchets organiques sont produits, représentant 70% à 80% de nos déchets qui peuvent être transformés simplement. Dans le monde c’est environ 3 milliards de tonnes de déchets produits par an, soit la masse d’un milliard de baleines bleues. Pouvons-nous continuer ainsi sachant que cela engendre des problèmes sur la biodiversité, notre santé et l’environnement donc sur notre existence ? La solution ne serait-elle pas de composter ?

Chaque jour les enfants viennent remplir les bacs installés devant la cantine (Photo Le Hublot)

Le compost, comment ça marche ?

Le compost consiste à recycler les épluchures, les restes de repas et les feuilles mortes pour créer un engrais naturel pour son jardin ou son potager. Pour espérer obtenir un compost de qualité, cela demande un peu d’entretien et un bon équilibrage. Il faut une moitié de déchets verts humides riches en azote (fruits et légumes, gazon…) et l’autre moitié de déchets secs riches en carbone (feuilles mortes, brindilles…). Mais comment pouvons-nous acquérir un composteur ? Dans certaines communes des bacs à compost sont fournis, il faut les demander en mairie alors que dans d’autres ce sont des bacs collectifs. Si notre commune ne fournit pas de bac à compost alors on peut en acheter un ou le fabriquer soi-même par exemple avec des palettes sachant qu’il y a de plus en plus de tutos sur internet afin de nous aider. Pour les habitants n’ayant pas de jardin, il existe des lombricomposteurs à installer de préférence sur un balcon ou à côté des poubelles. Le principe étant d’avoir des vers de terre qui forment de l’engrais avec les déchets organiques jetés. Enfin on peut également trouver le « Bokashi », on peut y mettre nos déchets, puis tout sera modifié grâce à des paillettes spéciales contenant des microorganismes achetés sur le marché qui en font de l’engrais. Magique, non ?

Parce que c’est mieux

A Proville, on éduque dès le plus jeune âge pour faire changer les comportements de toute la population (Photo le Hublot)

Chaque année, les déchets organiques sont inutilement amenés dans des décharges avec un coût de 80€ à 120€ par tonne incinérée, ce qui participe à la pollution de l’environnement. Avec environ 18 millions de tonnes par an en France, c’est près de 1,8 milliard d’euros qui pourrait ainsi être économisés. Le compost évite également les dépôts sauvages pouvant entrainer une large pollution et de nombreuses maladies. De plus, il permet de réduire la production des déchets tout en créant de l’engrais qui sera réutilisé par les habitants ou les communes. L’engrais peut aller en plateforme de compostage (par exemple à Graincourt pour notre territoire) où il viendra terminer sa fermentation. Mais il peut également être utilisé pour la création de biogaz qui est une énergie verte que l’on peut utiliser.

Des initiatives locales

A Cambrai, nous avons interviewé M. Forgeois, responsable de la gestion des déchets à la communauté d’agglomération de Cambrai. Il nous a renseignés sur ce qui se passe et va se passer pour le compost sur le territoire. Tout d’abord l’agglomération de Cambrai, avec ses ambassadeurs du tri, sensibilise les élèves de tous les établissements scolaires, écoles, collèges et lycées. Le principe est de toucher les jeunes avec des activités de valorisation et de tri des déchets et pour aider notamment à comprendre comment fonctionne le compost. Pour les écoles, ce sont les mairies responsables de la gestion des déchets, qui décident quel système de compostage utiliser, des consignes de tri ou le choix d’alimenter des poules. On a le choix aussi entre l’utilisation d’un compost collectif avec un vidage régulier et un compost individuel que l’on u>lise quand on a un jardin que l’on entretient soi-même ou encore le concept du bokashi, assez technique, résultat d’un bon dosage entre aliments et bactéries. Cependant, M. Forgeois déplore que l’aide ait diminué :  » Auparavant, nous faisions des réunions poussées techniquement pour que les gens soient à l’aise avec le compost. Mais on ne le fait plus par manque de temps et de moyens. »

A la cantine de Proville, tous les jours on s’occupe du compost ! (photo Le Hublot)

A Proville, village du Cambrésis, on composte aussi ! Nous y avons rencontré Nathalie Lurka, conseillère déléguée à la vie scolaire qui est à l’initiative de l’installation de composts. CeKe idée, lui est venue de son « côté écolo » cite-t-elle mais aussi d’une association de Marcoing nommée le Refuge de l’Abeille. L’idée principale était de limiter le gâchis alimentaire à la cantine scolaire qui accueille tous les jours 170 enfants des tout petits de maternelle au Cm2. Mais aussi de mieux utiliser les déchets et 3 composts furent ainsi installés. Chaque jour de la semaine un groupe d’élèves s’occupe de remplir les « bio-seaux » et d’aller les vider dans le composteur situé à l’extérieur…. Et cet engrais naturel ira enrichir le jardin pédagogique de l’école qui vient d’être rénové parce que rien ne se perd !

On remarque partout des changements. Grâce aux différentes actions menées, les gens commencent à prendre conscience du problème et font plus attention au tri des déchets, en achetant des composteurs, ce qui diminue notre impact sur le territoire.

Mais le tri, ce n’est pas si simple

Mais chaque solution a ses inconvénients. L’achat d’un compost représente tout de même un coût important -environ une centaine d’euros- et son entretien nécessite certaines compétences. Le lombricomposteur peut dégager une mauvaise odeur « d’œuf pourri », des vers de terre peuvent s’échapper dans la maison. Enfin l’utilisation d’un lombricomposteur ou d’un bokashi nous oblige à les vider régulièrement et à les entretenir de manière saine afin d’éviter les mauvaises odeurs.

N’est-ce pas pour autant minime face aux enjeux et aux avantages du compost ? Alors plus jamais, compostons !

Pauline Dessery Lartique, Camille Duez, Matéo Régnier

Sources :

  • Béatrice Quintin : « Compost obligatoire au 1er janvier : ceux qui ne le font pas risquent-ils vraiment une amende de 35 euros ? », La voix du Nord, 12 décembre 2023
  • Institut National de l’Économie circulaire : « La généralisation du tri à la source des biodéchets en 2024 : Quelles transformations pour les acteurs ? », Décembre 2023
  • Site officiel du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires : « Tri à la source des biodéchets : une nouvelle obligation, de nombreuses solutions », Vendredi 15 septembre 2023
  • Site de Bokashi Compost :

https://bokashicompost.be

  • Interview de M. Forgeois, responsable de la ges>on des déchets à la communauté d’agglomération de Cambrai
  • Interview de Nathalie Lurka, conseillère déléguée à la vie scolaire à Proville

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